Ce sondage me paraît très bien fait, il est à mon avis formulé de la bonne façon, et il est très pertinent sur ce Forum.
Y répondre n'est toutefois pas si simple, et comme toujours c'est le commentaire qui permet de préciser le sens que l'on donne au choix d'une option.
Il n'y a qu'
une seule option que j'écarte de manière catégorique, c'est l'option 7. Je suis en désaccord avec
@Hadéen, un désaccord total et en même temps amical et dans l'estime, car comme nous tous ici, je lis toujours avec un grand intérêt ses posts, et d'abord ceux qui apportent des informations techniques ou historiques qui dévoilent souvent la vérité des choses dans la vraie vie ; grand intérêt aussi pour ses posts qui argumentent en faveur de thèses que je ne partage pas et font tout de même ressortir certains aspects de la réalité, ou qui pointent des risques potentiels. Le plaisir du débat de qualité quand les opinions ne sont pas les mêmes !
Toutes les options de 1 à 6 me vont bien ; toutefois gouverner c'est choisir et le bon citoyen n'est pas celui qui demande l'impossible, mais celui qui se dit : que ferais-je si j'étais président ?
Etre aux responsabilités, c'est subir beaucoup de contraintes, budgétaires, techniques, et trancher malgré les incertitudes de l'environnement général. Le président n'a que des leviers à effets limités pour transformer les situations, et tout particulièrement sur les questions européennes. Choisir c'est parfois, avec regret, renoncer. Mais ne pas renoncer à l'essentiel, et ne pas compromettre les chances de l'avenir à très long terme.
Option 1, participation à l'ISS. Jusqu'en 2024, oui, évidemment. Ensuite ? Trois paramètres seront à prendre en compte :
- le cadre juridique et économique de la poursuite des activités sur l'ISS,
- la baisse des coûts des transports entre la Terre et l'ISS, qui peut être un élément facilitateur, notamment si le Starship réussit,
- et le montant budgétaire qui restera disponible si les programmes lunaires absorbent l'essentiel des ressources disponibles pour les vols habités
Option 2, Gateway. Il y a quelque temps, j'aurais dit non, parce que ce projet était trop dépendant du SLS auquel je ne crois pas, et trop flou car non assorti de perspectives claires concernant le retour sur la surface lunaire ou la préparation d'expéditions vers Mars ; puis j'aurais été réticent parce que ce projet était porté par le président Trump qui n'est pas vraiment un homme fiable. Maintenant, je dis oui, parce que les Etats-Unis ont une chance de pouvoir redonner une structuration à leurs politiques publiques, et parce que je fais le pari que le Gateway n'est plus entièrement "SLS-dépendant". Et à partir du moment où l'on fait le choix d'y aller, il faut l'assumer pleinement, y compris en étant prêts à renoncer au-delà d'une certaine date à l'ISS et ses successeurs côtés tant américain que russe.
Ce qui ne signifie pas pour autant que je vois ce projet comme un boulevard dont l'avenir est assuré. C'est un pari, il faut faire ce pari.
Option 3, aller sur la Lune avec les Américains. Oui, évidemment, car :
- l'arrivée de non américains sur la Lune sera un événement culturel mondial positif et d'une portée considérable ;
- c'est légitime compte tenu de notre participation à Orion à travers l'ESM ;
- cela sera probablement une occasion de continuer à collaborer avec SpaceX;
- même s'il y aura des opinions multiples dans la société sur cette participation européenne, je pense que cela diffusera fortement sur le long terme le goût de l'espace dans les jeunes générations en France et sur tout le continent ;
- attention, comme on ne sait pas de quoi l'avenir peut être fait, c'est une occasion qui ne se représentera peut-être pas avant des décennies (si tant est que cette perspective soit déjà assurée) ; il faut savoir saisir les occasions avant qu'elles ne s'éloignent.
Option 4, aller sur la station chinoise, oui, mais de manière ponctuelle et conditionnelle. Seulement si l'on dispose des moyens budgétaires de le faire sans compromettre les objectifs précédents, compte tenu du risque de représailles américaines. Entre les bottes de Pesquet sur la Lune, et un petit séjour sur orbite de type Jean-Loup Chrétien il y a presque 40 ans, comment hésiter ? Mais je coche la case, car quelque chose me dit que finalement cela se fera.
Option 5, aller sur une hypothétique station russe, pourquoi pas, mais je doute fort que l'existence de cette station sera durable, sauf si la Russie parvient à développer une fusée réutilisable et si elle sort de la stagnation imposée par les oligarques. Trop de "si", je ne coche donc pas la case.
Option 6, développer le vol autonome, oui, mais avec prudence. Il s'agit simplement d'une préparation sur le long terme, afin de ne pas être incapable de construire un vaisseau quand on aura la fusée réutilisable, ce qui est un préalable de mon point de vue. Oui au vol habité autonome, mais seulement avec des coûts maîtrisés. Toutefois attention à ne pas se retrouver dans la situation de SpaceX qui pendant trois ans a disposé de la fusée réutilisable alors que la capsule Crew Dragon n'était pas prête, ou suscitait des doutes.
En toute hypothèse, on est très loin de cette perspective, il faut juste y travailler et anticiper le problème de la synchronisation de l'aboutissement du lanceur réutilisable européen et de la cabine européenne. Et j'en conviens, c'est de l'hyper-anticipation !
Tout en soulignant l'importance des réserves, des conditionnalités et des modalités énoncées dans ce post, je coche les cases 1, 2, 3, 4 et 6.