Et si SpaceX s'était planté de stratégie ?

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Ceci est une pensée, pas un avis.

Cela fait 2 fois que je lis dans la presse spécialisée que le marché des gros sat géostationnaire est en très net repli et meme la Falcon Heavy qui devait se charger de ce marché n'a réussi qu'à avoir un seul contrat commercial avec Arbasat 6A. D'ailleurs même Arianespace en attente de gros contrats s'oriente vers le marché des petits (small) sats grâce à sa future Vega-C.


Et là je me demande si finalement le rythme très élevé de la Falcon 9 n'aurait pas absorbé le marché plus vite qu'il ne se recrée ? au point que meme SpaceX semble prévoir pour 2019 une stagnation des cadences de tir (voir même une baisse) d'après certains médias spécialisés. Et l'explosion du marché attendu grace au bas cout ne semble pas arriver.
SpaceX, pour rentabiliser son lanceur réutilisable à bas cout a besoin de tirer énormément, or en faisant cela le risque est d'assécher trop vite le marché, et on a l'impression que c'est ce qui se produit. Meme son lanceur lourd Falcon Heavy qui devait s'occuper des grosses charges n'arrive pas à trouver de client, aucun pour les LEO et un seul à ce jour pour la GTO.

Certes l'annonce du BFR a fait mal à l'avenir de la Falcon Heavy mais il ne faut pas espérer voir ce mega lanceur avant plusieurs années, 4 ans au mieux, mais en attendant la FH pourrait capter un marché ... sauf que ça ne semble pas prendre.
Il est clair que la montée en puissance du Block 5 de la Falcon 9 n'arrange en rien les affaire de la FH, mais meme celle ci n'arrive plus à maintenir la cadence élevé que voulait imposer SpaceX à cause d'un manque de clients. Musk avait parié sur le fait que la baisse du cout augmenterait le nombre de clients mais il n'en est visiblement rien. La seule activité qui a vraiment explosé semble être celle des petis sats mais il sera difficile de s'en contenter pour remplir tout un carnet de commandes annuels d'autant que la concurrence notamment indiennes est féroce.

Reste la constellation Starlink de SpaceX, mais envoyer autant de sat en si peu de temps va les obliger à tenir une cadence de 50 sat tous les 15 jours, ce qui parait quasi impossible. Et cela sans réelle revenu extérieur puisque Starlink appartient à SpaceX. Pire ce réseau va probablement bloquer ou ralentir les vols commerciaux et ceux de l'USAF ou à destination d'ISS. Et pour arranger le tout, cette constellation devra etre remplacé au meme rythle lorsque les derniers lancements auront eu lieu. Un vrai casse tête pour SpaceX.

En résumé, un marché de gros sat GEO qui est en chute car absorbé trop vite, une Falcon 9 qui peine à augmenter ses cadences de tir nécessaire à sa rentabilité, une Falcon 9 block 5 qui casse le marché le sa propre Falcon H, une constellation Starlink qui va mettre SpaceX dans une situation de saturation très très inconfortable, un voyage translunaire touristique annulé, une capsule habitée sur FH abandonnée, une BFR qui sera surement plus longue à arriver et un voyage habité vers Mars bancal.
Bref je me demande si SpaceX n'a pas eu les yeux plus gros que le ventre et n'a pas fait finalement une erreur de stratégie et surestimé le marché potentiel de satellites, emporté par l'excitation de ses premiers succès et d'un PDG trop "expressif".


Dernière édition par Mustard le Lun 11 Juin 2018 - 15:58, édité 4 fois
Mustard
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Effectivement, voilà le risque de déconnexion du marché et de l'écosystème à vouloir se situer trop en avance sur son temps.
Si le premier de cordée tire trop sur la corde pour faire avancer le groupe il se hasarde à la rompre.
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Réflexion intéressante.
Cependant SpaceX tire pour l'instant, le plus gros de ses revenus de son principal et premier client, la NASA.
Effectivement les gros satellites GEO sont en diminution. Je suspecte une raison de coûts de production et d'achat.
Je ne serais pas surpris, une fois que la ligne de production des satellites Starlink mise en service, que SpaceX relance lui-même le marcher des gros satellites GEO, en les construisant à moindre coûts et offrant aux clients des forfaits tout inclus, de la conception à la mise en orbite GEO.
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Mustard a écrit:
Et là je me demande si finalement le rythme très élevé de la Falcon 9 n'aurait pas absorbé le marché plus vite qu'il ne se recrée ?

C'est d'abord une forte baisse des commandes de satellites géostationnaires qui a réduit le marché.

Le rythme de lancement de SpaceX a réduit la durée de la file d'attente, qui lissait le rythme de lancement. Les creux dans les commandes seront beaucoup plus visibles.
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David L. a écrit:
Mustard a écrit:
Et là je me demande si finalement le rythme très élevé de la Falcon 9 n'aurait pas absorbé le marché plus vite qu'il ne se recrée ?

C'est d'abord une forte baisse des commandes de satellites géostationnaires qui a réduit le marché.

Le rythme de lancement de SpaceX a réduit la durée de la file d'attente, qui lissait le rythme de lancement. Les creux dans les commandes seront beaucoup plus visibles.

Justement, le rythme précédent des lancements permettait de s'équilibrer avec le rythme des commandes mais là on a un déséquilibre avec des cadences de lancement plus rapide que les commandes/besoins des opérateurs. Donc à un moment forcement ça freine.
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Arès F a écrit:Réflexion intéressante.
Cependant SpaceX tire pour l'instant, le plus gros de ses revenus de son principal et premier client, la NASA.
Effectivement les gros satellites GEO sont en diminution. Je suspecte une raison de coûts de production et d'achat.
Je ne serais pas surpris, une fois que la ligne de production des satellites Starlink mise en service, que SpaceX relance lui-même le marcher des gros satellites GEO, en les construisant à moindre coûts et offrant aux clients des forfaits tout inclus, de la conception à la mise en orbite GEO.

Non, c'est dû à un problème de surcapacité en orbite géostationnaire, de bonne fiabilité des satellites, et au développement des télécommunications sur les orbites inférieures (LEO et MEO). Avec la constellation O3b, SES a moins besoin de remplacer ses satellites sur l'orbite de Clarke.

On arrive souvent à la conclusion que SpaceX fait trop de choses à la fois, alors faire en plus des satellites géostationnaires...

Les offres de livraison en orbite existent déjà, chez la totalité des constructeurs, et je doute de la compétitivité de SpaceX face à l'offre chinoise de CGWIC, déjà très compétitive et qui a beaucoup de succès auprès des pays qui veulent accéder à la capacité orbitale.
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Très bon point.
En même temps ça me semble dramatique pour les compétiteurs de SpaceX, présents et à venir. La tarte ne sera pas grosse à partager.
Arès F
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Je doute fort que SpaceX se lance dans la production de satellites pour d'autres.
Le projet Starlink est basée sur une production en série et à la chaîne. On ne peut pas y insérer un sat fait sur mesure. Ca irait à l'encore même de l'idée et un non sens économique.
C'est comme si un constructeur automobile voulait fabriquer une Ferrari (et une seule) en utilisant la chaîne d'assemblage des Twingo!

Même les ingénieurs concevant les sats de la constellation ne seront pas au chômage après avoir défini le design de production. Selon la façon de procéder de SpaceX, il y aura des améliorations incrémentales et donc des versions de plus en plus évoluées et performantes de ces satellites.

Je suis même prêt à parier que cette constellation servira également de relais de communication pour les ambitions martiennes de SpaceX. Il ne serait alors plus nécessaire de passer par le Deep Space Network de la Nasa. Cette capacité ne sera peut-être pas présente sur les premiers modèles, mais elle arrivera rapidement.
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MrFrame

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MrFrame a écrit:
Je suis même prêt à parier que cette constellation servira également de relais de communication pour les ambitions martiennes de SpaceX. Il ne serait alors plus nécessaire de passer par le Deep Space Network de la Nasa. Cette capacité ne sera peut-être pas présente sur les premiers modèles, mais elle arrivera rapidement.

Comment la constellation Starlink pourrait-elle remplacer le DSN ?    :scratch: :scratch: :scratch:

Les satellites de cette constellation n'auront pas la sensibilité des grandes antennes du DSN pour recevoir les signaux faibles venus de Mars ou du fond du système solaire...
David L.
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David L. a écrit:
Non, c'est dû à un problème de surcapacité en orbite géostationnaire, de bonne fiabilité des satellites, et au développement des télécommunications sur les orbites inférieures (LEO et MEO). Avec la constellation O3b, SES a moins besoin de remplacer ses satellites sur l'orbite de Clarke.

Il y a aussi le développement des communications terrestres. Presque tout le monde est connecté au moins en 4G et la fibre optique se développe également beaucoup, ce qui tue à petit feu le marché des satellites GEO ...
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Si c'est une tendance lourde, vers quoi va s'orienter le marcher des lanceurs? 
Est-ce que la "japonisation" va toucher tout le monde?
Abandon/faillite de certains lanceurs?
Consolidations et rachats de compagnies?
Est-ce les projets lunaires et l'exploration-exploitation de ressources pourraient "sauver" l'industrie? 
Le tourisme spatial sera-t-il plus promu?

Votre avis vers ce que va tendre le marcher des lanceurs?
Arès F
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Arès F a écrit:Votre avis vers ce que va tendre le marcher des lanceurs?

Actuellement se dégage un gros démarrage des petits sat (minisat, microsat, nanosat) de moins de 500kg. D'une part parce que la miniaturisation de l'électronique tend vers une réduction sensible de la taille des instruments, d'autre spart parce que cela offre une plus grande souplesse et enfin parceque le prix est nettement plus abordable (université, PME, labo, startup, etc).
Pour le moment le PSLV indien excelle sur ce marché, Vega-C est bien adapté, la Chine tire aussi son épingle du jeu avec une large famille de lanceur, la Russie est aussi présente mais toujours bridée par la loi ITAR. Par contre SpaceX manque cruellement d'un petit lanceur, la F9 est un peu surdimensionné meme si elle peut faire des lancements de minisat mais ça reste une adaptation pas très optimale pour un tel lanceur.


Dernière édition par Mustard le Lun 11 Juin 2018 - 19:16, édité 1 fois
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Croyez-vous qu'il y aura un marcher pour l'entretien et le remplissage d'ergols des satellites en orbite, tel que suggèrent Orbital-ATK (NGIS), NASA et autres?
http://spacenews.com/in-orbit-services-poised-to-become-big-business/
http://spacenews.com/ssl-aims-to-parlay-nasa-darpa-work-into-viable-in-orbit-repair-business/
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Arès F a écrit:Croyez-vous qu'il y aura un marcher pour l'entretien et le remplissage d'ergols des satellites en orbite, tel que suggèrent Orbital-ATK (NGIS), NASA et autres?
http://spacenews.com/in-orbit-services-poised-to-become-big-business/
http://spacenews.com/ssl-aims-to-parlay-nasa-darpa-work-into-viable-in-orbit-repair-business/

c'est un concept ancien , qui pourrait réduire les coûts de fonctionnement des satellites, mais se serait pire pour les lanceurs. en effet si on veux que le concept soit rentable il faudrait que le coût de réparation (lancement du réparateur compris) soit inférieur au cout de fabrication et mise a poste d'un nouveau satellite. Au vu de la technologie qu'il devra emporté (système de contrôle et amarrage, bras manipulateur, matériel de diagnostique, outil) , il y a fort a parie que le réparateur soit plus cher que le satellite, il faudra donc faire des économie sur le coût de lancement . le plus probable est qu'un même réparateur puis réparé plusieurs satellite d'affilé , voir reste en orbite entre les missions et recevoir régulièrement des stock de pièces détaché et d'ergol (tant pour lui que pour les satellites a ravitailler).
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La contraction du marché des satellites commerciaux s’explique par le fait que le modèle économique de la «  surqualité » des satellites, notamment géostationnaires est arrivé à son optimum et a atteint ses limites. La très grande fiabilité de ces satellites leur donne une espérance de vie longue qui assèche le marché. Mais cette fiabilité est obtenue à un coût très élevé pour le système économique. 

Sans nul doute, il doit y avoir dans l’industrie de la construction des satellites des gens qui se posent des questions sur la possibilité d’un autre modèle économique, optimisé très différemment, quand le prix du kg sur orbite aura fortement chuté du fait de la réutilisation des lanceurs. 

Mais mis à part SpaceX avec Starlink, personne ne s’est apparemment lancé dans cette démarche d’invention d’un modèle économique de satellites low-cost dont la moindre fiabilité est compensée par le nombre, l’appartenance à des constellations et la réparation sur orbite.

Trois facteurs me semblent expliquer cela : 

- les accidents de SpaceX en 2015 et 2016 et l’ampleur du défi technique de la réutilisabilité des lanceurs ; rappelons que c’est seulement depuis mars 2017 que la réutilisation du 1er étage est mise en œuvre pour des vols orbitaux ; il y a eu 13 réutilisations successives sans accident ; c’est incroyable ; même les fans de SpaceX s’attendaient à ce que cette nouvelle technologie ne marche pas du premier coup ; après deux années d'incertitude tout est allé très vite en 2017-18 et l'industrie satellitaire n'a pas eu le temps de réagir à la nouvelle donne ;

- le dénigrement dont la réutilisation a fait l’objet dans les premiers temps a pu démoraliser l’industrie satellitaire et inciter à l’attentisme en matière de recherche de nouveaux modèles économiques pour les satellites ;

- enfin, les constructeurs de satellites tiennent compte du fait que la baisse des prix du kilogramme sur orbite ne suivra celle des coûts que lorsqu’il y aura au moins deux opérateurs de lancement disposant de lanceurs réutilisables. 

Le mot clé de la période 2015-2018 a été attentisme, parce que beaucoup pensent qu’il vaut mieux ne pas être les premiers sur des chemins inconnus, ni poursuivre sur une route familière mais qui risque d’être condamnée par l’histoire ; donc, il y a eu un peu moins de commandes de satellites !

Ainsi, nous arrivons, en 2019-2020, aux effets sur les carnets de commande de ce moment singulier où, pour l’industrie satellitaire, le vieux monde est en crise sans que le nouveau soit encore bien dessiné.

Mais c’est maintenant que les choses les plus importantes et structurantes pour l’avenir doivent se passer, dans le secret des directions de la stratégie des constructeurs, et dans les relations avec les start-up. Maintenant que la Block V a volé et que la New Glenn approche, il devient raisonnable d’investir dans la recherche-développement sur ces concepts de satellites low-cost.
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Je pense que même sans ce tassement des commandes, le BUT de SpaceX, à savoir démocratiser le voyage vers Mars, reste alambiqué, car tout reste à construire là-bas, et pour l'instant on ne voit pas le début d'un frémissement d'intérêt de la part des états pour profiter d'un transport très peu cher et planifier une occupation. Et un taxi sans passager, ça ne sert à rien. La stratégie de Musk consiste à tenir la feuille de route pour prouver la faisabilité, en ESPERANT que ça motive ensuite les gens, mais combien de temps faudra-t-il pour que le système s'auto-entretienne ?

Bref, l'avenir de la stratégie long terme reste complètement flou, et ce quel que soit le carnet de commande de FH ou le tassement des vols F9.

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La discussion ci-haut réaliste et sombre m'a temporairement découragé par rapport à l'avenir de l'exploration spatiale, jusqu'à ce que je tombe sur ceci:
http://www.thespacereview.com/article/3511/1
Jim Bridenstine m'inspire de plus en plus d'espoir.
Subtile et habile à concilier les imprératifs de la NASA, il place graduellement ses objectifs d'exploration au-dessus de la structure traditionnelle de la NASA, et ouvre la porte au privé de plus en plus si l'objectif peut être atteint à moindre coût.
En parlant de son appui au SLS Block 2 et sa capacité de 130t LEO, il ajoute "Si un jour un autre constructeur peut satelliser une telle charge, nous devrons repenser notre appui. C'est en constante évolution. Si nous pouvons aider ces companies à développer cette capacité et qu'ils y parviennent plus efficacement et mieux, alors nous devrons aussi le faire.
Une toute petite phrase passée inaperçue, mais pleine de sens et d'espoir pour l'avenir de l'exploration spatiale. 
Il ouvre la porte indirectement au financement et l'utilisation possible de la BFR (et New Armstrong?) pour atteindre ses objectifs.
Il prône aussi une éventuelle coopération pour les objectifs Mars et Lune avec les partenaires internationaux et privés. 
De moins en moins on risque d'avoir des "taxis sans passagers" car, enfin, le chef des passagers semble savoir et vouloir aller quelque part.

PS SpaceX ne s'est peut-être pas planté tant que ça et peut au final devenir la bougie d'allumage d'un nouvel âge.
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Je ne crois pas, @Arès F, qu’il faille être pessimiste sur l’avenir du spatial en 2018.

1- Nous avions vu les propos que tu cites de Bridenstine, qui traduisent un pragmatisme en effet intéressant. Sur un autre fil, nous avions débattu sur le moment où il faudrait mettre un terme au programme SLS.

Ma conclusion personnelle était que même si le destin du SLS est d’être surpassé rapidement sur le plan technique  par le BFR et le New Armstrong, il serait dangereux de l’euthanasier trop vite.

Un ingénieur ou un économiste qui a le choix entre deux fusées dont la seconde a plus de capacités et offre plus de souplesses que la 1ère, et se caractérise de surcroît par des coûts d’exploitation beaucoup moins élevés, peut être tenté de considérer qu’il n’y a pas de sujet et de décider qu’il faut abandonner sans attendre la première. 

Tel est en effet le choix techniquement et économiquement rationnel, mais  ce choix, s’il est trop précoce, peut être catastrophique dans le monde réel, car la politique ne fonctionne pas toujours comme les vases communicants. C’est un espace ouvert où s’équilibrent plus ou moins de multiples forces concurrentes. Il n’y a pas que le lobby du New Space et le lobby du SLS. Si vous déstabilisez cet équilibre de forces politiques, le nouvel équilibre qui peut s'établir ensuite peut-être mortifère, car la force qui peut l’emporter peut être par exemple celle des créationnistes ultra-libéraux qui seront ravis qu’il n’y ait ni SLS ni BFR financé en partie sur fonds publics. 

Bref, il n’y a aucune automaticité pour qu’un budget fédéral américain futur qui supprimerait la ligne SLS mette à la place une ligne une ligne de financement du BFR d’égal montant. Il faut vraiment s’extirper cette illusion de nos têtes. Le propos de Bridenstine va certes dans la bonne direction, il est probablement de bonne foi, mais il peut aussi éventuellement représenter un piège mortel pour l’astronautique américaine.

La politique, c’est comme le judo : il vaut mieux se servir de la force de l’adversaire que de choisir prématurément le choc frontal avec celui-ci, car certaines victoires trop rapides sont des victoires à la Pyrrhus.

2 - Bien qu’ils aient des personnalités différentes à bien des égards, Elon Musk me fait penser à un ingénieur, Vannevar Morgan, qui est le personnage principal du roman d’Arthur C. Clarke, Les Fontaines du Paradis.

L’idée fixe de Vannevar Morgan, qui est un entrepreneur, est de passer à la postérité comme le constructeur qui aura fait aboutir le rêve d’ascenseur spatial. 

Vannevar Morgan se heurte aux pires difficultés, mais là où il y a une volonté constante, là il y a un chemin. Les péripéties sont multiples, le projet prend beaucoup plus de temps que prévu, et l'ingénieur y laissera ses dernières forces, mais il verra fonctionner l'ascenseur spatial qui sera d’ailleurs son tombeau.

Pour moi, tant que Musk respirera en ce bas monde, le projet de conquête de Mars sera vivant. Musk peut changer sur beaucoup de sujets, il peut changer de femme, mais il défendra son projet martien jusqu’à son dernier souffle. Musk n’est pas le seul à rêver d’aller sur Mars, mais il est le seul qui ait la dimension entrepreneuriale pour faire aboutir un tel projet. 

Je sais bien que cet éloge de la volonté d’un homme peut hérisser le poil de gens qui ont baigné dans la culture structuraliste et plus ou moins marxiste des années 1960-1970.

Je ne crois pas aux hommes d’essence supérieure, mais je crois à la force des idées justes, et je crois que certains êtres ont du talent. Musk est un homme de talent et d’engagement au service d’une juste cause, celle de l’établissement d’un 2ème foyer planétaire pour l’humanité. 

S’il n’était qu’un homme aux idées généreuses, il serait Don Quichotte. S’il n’était qu’un homme doué pour les affaires, il serait banquier. Mais il est les deux, alors il est Elon Musk, un homme qui veut et peut changer le monde comme avant lui Steeve Jobs. 

Musk n’est pas un homme d'argent, c’est un homme libre. Pour lui, l’être est plus important  que l’avoir, et s’il aime parler, il aime parler de ce qu’il fait et de ce qu’il veut réellement faire. Il aime la vie, il aime le fun, mais contrairement à d’autres, il ne pense pas qu’à sa pomme et qu’à l’instant présent, il pense d’abord aux générations futures. Il aime l’idée que les hommes du futur se souviennent de lui, et alors ? C’est un peu narcissique, mais c’est comme ça que l’Histoire avance, bien souvent.   

De la même façon que François Mitterrand disait, il y a trente ans, « la clé de voûte de la dissuasion nucléaire française, c’est moi », de la même façon la clé de voûte de l’ambition martienne de l'humanité, c'est Musk.

Le BFR est une idée très astucieuse qui permettra de prendre le relais de la Falcon 9 pour dégager du cash avec ses multiples usages, en attendant soit que le magot accumulé par SpaceX rende possible une mission de démonstration sur Mars, soit que les États se réveillent directement pour mobiliser le tissu économique dans la cadre d’un plan de colonisation de cette planète. Le BFR offre des plans B, C, D de secours, non pas en cas de renoncement, mais pour ne jamais avoir à renoncer après une alternance politique ou des ennuis techniques.

Lire Les Fontaines du Paradis d’Arthur C. Clarke peut aider à comprendre comment un projet compromis, comme Phénix, peut renaître de ses propres cendres.

Alors flou stratégique, peut-être, mais il faut y voir plutôt de la souplesse au service d’une volonté inébranlable qui se fixe un cap à atteindre aussi vite que possible, mais en cas d’adversité, sans aucune limite de temps autre que la longévité biologique d’Elon Musk.

3 - Quant aux stratégies des autres acteurs institutionnels et privés, elles sont momentanément assez hésitantes, mais par attentisme, comme je le suggérais dans mon post précédent. Elles s’ajusteront de manière opportuniste au contexte résultant de la révolution de la réutilisabilité des lanceurs, quand celle-ci s’étendra à d’autres opérateurs de lancement que SpaceX. Quant aux hommes politiques, il y en aura bien quelques uns parmi eux qui voleront au secours de la victoire et qui trouveront un mode de présentation des événements qui tentera de mettre ces politiciens eux-mêmes au centre de la conquête de Mars.

Donc, en résumé, le flou stratégique actuel est normal parce que nous sommes à un tournant. Avant d’avoir passé le virage, il est difficile de voir déjà la ligne plus ou moins droite, mais longue, qui est de l’autre côté.
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Le chemin est plus important que la destination. En ce qui me concerne, rien que de suivre la construction, les tests et l'approche de Mars d'un vaisseau inhabité type BFS suffira à me combler de joie. Je pense que même si SpaceX s'est trompé de stratégie sur le long terme, on a encore devant nous quelques années pendant lesquelles on va vivre des moments incroyables. Repensez au vol de la FH en début d'année.

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peut-être que Space X n'arrivera jamais sur Mars, mais ce qu'ils ont fait est positif et a été bien fait, les Etats-Unis lancent des cargos vers la SSI avec Space X et Orbital ATK et sont à la veille de retrouver un accès à l'espace via Space X ou Boeing, ou un autre.

Le problème des américains et de faire de l'américain et en ce sens Space X est une réussite, car pour l'instant on est toujours sur les plans de la BFS. Ensuite la bonne stratégie est peut-être le retour à la Lune, mais ça, la Nasa le sait depuis longtemps et ne pouvait pas tout prendre en charge. En attendant nous avons plusieurs firmes américaines qui sont dans l'espace ou à la limite de proposer des vols dans l'espace pour des touristes.

Certes, on attends toujours, nous autres, terriens qui n'irons jamais là-haut, mais c'est la vie... et puis, qui sait ?
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Si on regarde le nombre de personnes ayant signé pour 5 minutes d'un saut de puce à 100 000$ le billet, je crois qu'on peut se dire qu'il y a un marché non négligeable pour une BFR capable de proposer des missions de tourisme circumlunaire dans des conditions plus alléchantes que d'uriner dans un tuyau et manger de la nourriture en sachet en regardant le paysage par un petit hublot.
Donc SpaceX s'est très certainement planté de stratégie du côté Falcon Heavy, du moins c'est ce que le carnet de commande actuel semble dire, mais pour l'instant il est difficile d'affirmer si d'autres choix sont à revoir ou non.
Si Starlink était mis en fonction avec les capacités annoncées, il représenterait un réseau ultime générant un paquet d'argent pour son propriétaire, bonne latence, excellents débit, fiabilité totale hors éruption solaire catastrophique. A vrai dire sur le papier c'est trop beau pour être vrai au point que nos opérateurs de réseau pourraient déjà mettre la clé sous la porte, mais ça reste du papier ...
Je dirais donc qu'il est impossible de répondre affirmativement à la question posée, mais en étant optimiste je pense qu'on peut estimer que SpaceX a des opportunités non négligeables de se développer hors du circuit des lancements conventionnels via les nouveaux débouchés que représentent Starlink et le tourisme, donc son avenir est plus que prometteur si Starlink tient ses promesses techniques et que BFR respecte le prix et le confort pour les passagers annoncé lors du dernier IAC.
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@ Maurice:
C'est sur que la Heavy ne sera pas la corne d'abondance de SpaceX, mais c'est un lanceur qui n'a pas couté très cher à concevoir.
Je m'explique: le corps central est réellement le seul qui ait subit  une grosse modification mais ni la motorisation ni les réservoirs n'ont été fondamentalement modifiés, même le second étage est complètement interchangeable avec la Falcon 9.
 Les seuls changements très apparents sont la séquence d'allumage et la conduite du vol (modulation des poussées).
Les quelques lancements publics vont facilement payer la note!
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Je pense tout de même que garder le Heavy est un bon entraînement pour mettre au point le BF*R. Il y aura plus de moteurs à allumer au décollage que pour le Heavy. De plus ce sont d'autres types de moteurs ! C'est probablement une des raisons pour laquelle Musk n'a pas abandonné le projet. (Je garde l'astérisque dans BF*R car pour des raisons politiquement correctes Musk a dû l'enlever... Et je déteste le politiquement correct)Non
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Le F veut "Falcon", pas besoin d'* ;)

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Je ne suis pas persuadé qu'on puisse considérer Falcon Heavy comme une plus-value dans la mise au point de BFR, ce sont des architectures tellement différentes !
A mon avis le vrai bonus d'expérience pour la mise au point de BFR c'est Falcon 9 et tout ce que ce programme leur apporte en matière de retour d’expérience notamment sur la réutilisation et bientôt la réutilisation fiable et en série avec le block 5, mais aussi sur la gestion des crises.
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Maurice

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