Je n'ai pas encore trouvé de discussions traitant de ce sujet (ou tout du moins, en surface) et j'ouvre donc ce tout nouveau fil qui pourrait se révéler très intéressant à mon sens !
Souvent, quand on parle de la conquête spatiale, on pense immédiatement aux missions scientifiques, à l'exploration d'autres planètes de notre système solaire ou à la compréhension de grands événements cosmiques. Pourtant, près des deux-tiers (grosso modo) du business réalisé dans le domaine spatial est lié aux télécommunications. Le dernier tiers est dû, quant à lui, en grande partie à la navigation (ce qu'on appelle les GNSS, la Géolocalisation et Navigation par un Système de Satellites).
Comment fonctionne un système satellitaire de télécommunication ? Pour ceux qui veulent creuser en détail, je vous conseille la ''Bible'' des systèmes de télécoms - en anglais -: Satellite Communications Systems de Gérard Maral et Michel Bousquet. On peut le trouver très facilement sur le web via google, qwant ou autre (Je vous aurais bien mis le lien mais je ne suis pas encore autorisé à en poster maintenant ^^)
Pour les autres, voici un petit résumé.
Il existe trois grandes familles de systèmes satellitaires: les systèmes GEO (Geostationary Earth Orbit), MEO (Medium Earth Orbit) et LEO (Low Earth Orbit).
L'orbite géostationnaire possède plusieurs avantages: du point de vue utilisateur, le satellite ne bouge pas. Une fois pointé, il n'aura pas besoin d'avoir un système de tracking pour recevoir le signal comme c'est le cas dans les autres types de constellations. Le satellite GEO peut également arrosé une large zone pour y envoyer ses programmes internet et télévisés. Cela dit, le GEO a également un gros défaut: la latence. Il faut dire qu'à 36000 km du sol, les signaux radio commencent à mettre un certain temps pour traverser de telles distances. Et les paquets d'information échangés entre le server et l'utilisateur final mettent d'autant plus de temps à arriver à destination. Autrement dit: ne jouez pas à des jeux en réseau si votre internet passe par un satellite GEO. Vous risquez d'avoir un lag intersidéral (sans mauvais jeu de mots...). Ceci étant dit, la majeure partie des flux de données passent aujourd'hui par des satellites GEO.
Pour contrer les effets de la latence, de nouvelles constellations ont vu le jour. On peut penser à la constellation déjà opérationnelle O3b de SES, dont l'altitude de ses satellites a été réduite à 8000km à l'équateur, environ. Cette constellation entre dans la catégorie MEO. Elle permet donc de réduire considérablement les problèmes de latence. A ceci près qu'il est nécessaire d'investir davantage dans le hardware sol. Eh oui, non seulement il vous faudra un système de tracking permettant de suivre le satellite à travers le ciel, mais en plus, il sera nécessaire d'investir dans deux antennes de réception. En effet, pour ne pas perdre le signal, pendant que votre première antenne reçoit ce dernier, votre seconde antenne pointera sur le satellite suivant. Ce qui fait que lorsque vous passez d'un satellite défilant à un autre, vous n'aurez pas à attendre que votre première antenne, si elle était seule, pointe sur le second satellite (ce qui peut prendre quelques minutes entre le tracking et l'ouverture d'un nouveau canal de connexion...)
Et désormais, depuis 2016, de nouvelles constellations LEO apparaissent: One Web, celle de Space X ou google. Leur but: réduire suffisamment la latence pour pouvoir concurrencer les systèmes de télécom purement terrestres. Mais pour se faire, un segment sol en béton armé doit être imaginé.
En parlant de segment sol, tout système satellitaire se compose de trois segments majeurs:
- la partie purement terrestre, géré par les opérateurs classique comme Orange ou Bouygues Télécoms
- le segment sol géré par les opérateurs satellitaires
- le segment spatial qui inclut le satellite avec sa charge utile
Jusqu'à présent, la charge utile d'un satellite se contente, en règle général, de recracher le signal avec plus de puissance vers une destination définie. Elle joue le rôle d'un simple transmetteur. On peut avoir des exceptions, comme avec la constellation Iridium où les satellites jouent un rôle de routeur dans le réseau. Mais dans ce cas, le système Iridium ne gère pas des débits de données aussi grands que ceux des réseaux satellitaires plus classiques (qui peuvent avoir plusieurs millions d'utilisateurs !).
Le segment sol, lui, est généralement constitué d'un SCC (Satellite Control Center) qui gère le réseau ainsi que la reconnexion à la partie purement terrestre et d'une série de grandes antennes appelées Gateway. Ces Gateways permettent l'envoie de canaux à haut débit vers les différents utilisateurs finaux via le satellite de télécommunication jouant le rôle de transmetteur. Dans le cas des constellations GEO, les segments sols sont relativement simples. Il n'y a pas de changement de satellite à gérer: le chemin traversé par les paquets d'information serveur <=> SCC <=> Gateway <=> satellite <=> utilisateur final n'est généralement pas modifié au cours d'une connexion.
Cette philosophie vole en éclat avec les constellations LEO et MEO où, non seulement, on a des changements de satellites mais aussi des changements de Gateway pour un même utilisateur. Tout ceci est dû au mouvement des satellites vis à vis de ces mêmes gateways et utilisateurs. Les segments sols de ces constellations deviennent ainsi autrement plus complexes !
C'était le petit résumé concernant le fonctionnement de réseaux de télécommunications satellitaires. Je mettrai peut-être plus tard des schémas synthétiques afin de mieux visualiser ces structures.
On peut désormais aborder le sujet de ce topic: les perspectives d'avenir des réseaux satellitaires.
Selon vous, quels seront les réseaux satellitaires de demain ? Est-ce que les constellations LEO finiront par gérer la majorité des flux ? Si c'est le cas, quel type de segment sol pourrait émerger afin de manager ce genre de réseaux plus complexes ? Ou alors, plutôt que de mettre la complexité dans le segment sol, pensez-vous que les satellites eux-mêmes finiront par devenir des nœuds de réseau et des routeurs ?
Bref, comment voyez-vous l'avenir des satellites de télécommunication ? Le débat est ouvert ! :cheers:
Dernière édition par HouSonMeiTong le Mar 29 Oct 2019 - 18:20, édité 1 fois