Comme l’écrit @astronotes, ce sondage est un jeu. La visibilité est en réalité très faible.
Pour essayer d'imaginer la suite, nous avons certes le précédent de la mise au point de la réutilisabilité de la Falcon 9. Processus qui fut assez surprenant : succès des essais du premier prototype Grasshopper, plusieurs vols réussis du second prototype (Falcon 9R Dev 1), puis explosion en vol de celui-ci ; SpaceX annonce alors qu’elle va développer et tester un 3ème prototype Falcon 9R Dev 2, puis finalement change de méthode, abandonne le 3ème prototype et poursuit directement des essais de récupération sur des 1er étages au cours de ses lancements orbitaux NASA ou commerciaux.
Je ne m’attendais pas à ce que la maîtrise de la récupération du 1er étage de la Falcon 9, au sol puis sur barge, arrive sans campagne de tests d’un 3ème prototype après l’explosion du 2ème.
La différence entre ce précédent et le développement du Starship, c’est évidemment que celui-ci n’a pas effectué de vols orbitaux consommables avant les essais de récupération, et donc qu’il faut tout tester à la fois, le départ du véhicule comme son retour. C’est très ambitieux.
Le sondage sur ce fil envisage une succession linéaire de prototypes Mk 3, Mk 4, Mk 5, mais SpaceX, sous la pression des événements, décidera peut-être d’un cheminement très différent.
D’abord, on peut imaginer que le Mk 3 et le Mk 4, qui ont eu une existence sur le papier dans les projets de SpaceX, et même un début de réalisation, soient abandonnés et que le prochain prototype soit désigné sous le numéro Mk 5. Ce qui fait que l’on passerait directement du Mk 1 au Mk 5. Ce n'est pas sûr du tout, mais c'est concevable.
Ensuite, il se peut que SpaceX sorte de la logique à bas coûts des « maquettes + » qu’étaient de fait le Mk 1 et son jumeau le Mk 2 de Cocoa pour faire un nouveau prototype assez différent capable d’enchaîner le saut de 20 km et le vol orbital (soit sur le 1er Superheavy, soit avec deux boosters de Falcon Heavy, dans la configuration que nous avons appelée il y a quelques mois le « « Starmule »).
Une autre hypothèse serait qu’un vol orbital soit apparemment réussi, mais que SpaceX considère que la maintenance est trop coûteuse ou l’usure trop marquée, et qu’il faut une fois de plus repartir à zéro. Et les Mk immédiatement suivants n’iraient même pas sur orbite.
Dernière hypothèse, encore plus « exotique », celle d’un changement de plan de SpaceX qui en viendrait à considérer que l’on ne peut pas passer directement de la Falcon 9 à un vaisseau de la taille du Starship, et qu’il faut se résigner à une étape intermédiaire de réalisation d'un mini Starship.
Il s'agirait de développer une fusée de classe Falcon 9, mais où le Raptor serait substitué au Merlin, et où le deuxième étage, faisant corps avec la charge utile (logique de mini Starship) serait entièrement récupérable.
Parallèlement, SpaceX travaillerait sur les matériaux pour apprendre à faire des étages de fusée de diamètre croissant.
Et cinq ans plus tard, SpaceX passerait d'un mini Starship tel que ci-dessus défini, devenu parfaitement opérationnel, à un Starship 9 mètres de diamètre, voire davantage.
Une telle progression serait a priori plus raisonnable sur le plan technologique, elle serait de bon sens. Mais SpaceX considère que le retour sur investissement serait trop lent et que l'horizon du voyage vers Mars serait encore reculé. Le plan de Musk, pour des raisons tant financières que culturelles, conduit donc SpaceX à sauter l'étape du mini Starship. Mais si le Starship restait dans les faits hors de portée, si le gap technologique entre la Falcon 9 et le Starship s’avérait trop important, pour éviter un échec durable, SpaceX n'aurait pas d'autre possibilité que de passer par l’étape de ce mini Starship.
Nous n'en sommes pas là, et les paris un peu fous d’Elon Musk peuvent aussi être gagnés assez rapidement, mais la trajectoire suivie par SpaceX sera peut-être assez déconcertante. Certes, SpaceX poursuivra sa marche en avant d’une façon ou d’une autre. Et le concept de Starship en tant qu’outil pour révolutionner le spatial semble tout à fait pertinent.
En résumé, on peut faire des prévisions globales, mais s’agissant des modalités, d’une façon générale dans la vie, rien ne se passe comme prévu.