PierredeSedna Dim 31 Juil - 10:12
Même lorsqu'une station orbitale fonctionne ordinairement sans chevauchement d'équipages, il est prudent de disposer d'un deuxième port d'amarrage permettant la venue d'un vaisseau de secours habité ou habitable.
C'est pourquoi, dans les années 1970, Skylab, qui n'avait pas été conçue comme une station permanente et qui ne l'a jamais été, disposait de deux ports d'amarrage pour accueillir simultanément deux vaisseaux Apollo. Le deuxième port d'amarrage n'a jamais servi, mais dans des phases délicates de l'exploitation de cette première station américaine, il avait été envisagé qu'il puisse l'être, et c'était rassurant.
A partir du moment où une station a également besoin d'être approvisionnée par des cargos automatiques (ce qui n'était pas envisagé à l'époque de Skylab), il faut en outre disposer, à cet effet, d'un troisième port d'amarrage.
Le risque d'un accident endommageant de manière irréversible un port d'amarrage doit également être anticipé. Si une station ne comporte que deux ports d'amarrage et si l'un des deux devient inutilisable, l'exploitation de la station s'arrête, ou ne peut être prolongée que si le vaisseau de transport d'équipage se détache de la station pourtant habitée au moment de l'accueil de chaque cargo de ravitaillement. Scénario dangereux qui n'a, jusqu'à présent, jamais été envisagé, à ma connaissance, ni par les Etats-Unis, ni par la Russie, ni par la Chine.
Plus généralement, du fait de l'absence de redondances, les stations spatiales de taille moyenne sont moins assurées de leur pérennité que les stations de grande taille, et notamment les stations internationales. Mir elle-même n'a pu prolonger sa durée de vie que grâce à son internationalisation partielle, à l'aide des Américains.
Ce n'est pas parce que Mir a été exploitée pendant presque quinze ans et que l'ISS a traversé plus de deux décennies que leurs successeurs auront à coup sûr une longévité comparable.
Heureusement, l'amélioration de l'accès à l'espace, facilité par les fusées en tout ou en partie récupérables, devrait permettre de construire à moindre prix de plus grandes stations orbitales, offrant une logistique redondante et notamment de nombreux ports d'amarrage.
Toutefois, dans le cas de la Russie, le développement de fusées récupérables se fait attendre.
La station ROSS, en cette troisième décennie du XXIème siècle, ne risque-t-elle pas, si elle voit le jour, d'être un musée de l'astronautique soviétique du XXème siècle ? Il vaudrait mieux cela que rien. Mais cette station ROSS, à mon avis, alimentera plus la nostalgie que l'enthousiasme.