nikolai39 Jeu 14 Déc 2023 - 11:31
L'article est complètement à côté de la plaque et ne se base pas sur des réalités.
Comme je l'ai dit, écrit, démontré et répété depuis dix ans, la vente des Soyouz à la NASA ne provoquait pas "un afflux de dollars". La NASA ne pouvait pas tenir ses engagements faute de vaisseau, et elle payait donc Roscosmos pour le faire à sa place. Roscosmos facturait les missions au prix coûtant (environ). L'augmentation des prix au fil des années était dû principalement au taux de change rouble/dollars qui a augmenté.
Roscosmos n'est pas "dans le rouge". Cette expression n'a d'ailleurs pas de sens car il ne s'agit pas d'une structure commerciale avec des dépenses et des recettes. Roscosmos, le CNES, la NASA, etc. ne peuvent pas être "dans le rouge". Ou plutôt, elles sont forcément et par nature dans le rouge, vu qu'elles ne sont pas censées générer des profits.
Le budget de Roscosmos est en augmentation constante depuis 10 ans. Il va subir une légère baisse dans les trois années à venir, mais c'était prévu depuis le début du plan décennal 2016-2025 et cela n'a rien à voir avec la guerre en Ukraine. Au contraire, le gouvernement a décidé cet été de réduire la baisse. J'en parlais ici :
https://twitter.com/nicolas_pillet/status/1707102519422239063
On rappelle que ces chiffres ne sont que le "programme spatial fédéral". Les cosmodromes, GLONASS et - surtout - le spatial militaire sont sur des budgets indépendants qui sont presque aussi gros.
Il y a effectivement une réduction d'effectifs qui est prévue. Roscosmos est une structure intégrée (pas comme en Europe) qui compte 181 000 salariés. Le personnel de la structure centrale administrative moscovite était de 200 personnes dans les années 2000 et il a gonflé pour atteindre 600 personnes. Le but est de le redescendre à 400, voire peut-être 200.
La perte des contrats occidentaux (RD-180, RD-181, STARSEM, Soyouz en Guyane) est une grosse perte pour Roscosmos, mais il faut relativiser son importance. Une Soyouz-2.1b ou ST-B était vendue dans les 60 M$ ce qui, de nos jours, revient à 5 milliards de roubles. Roscosmos devait toucher un bénéfice d'environ 10 M$, ce qui représente 900 millions de roubles. A raison de cinq Soyouz vendues par an (en gros), cela nous fait un manque à gagner de 4,5 milliards de roubles. A comparer au budget 2024 de 285 milliards de roubles. Ce n'est pas rien, mais on est loin d'un effondrement !
Il faut vraiment se sortir de la tête la caricature selon laquelle le spatial russe vivrait sur les dollars occidentaux. C'était vrai dans les années 1990 pendant le grand chaos, mais cela fait bien longtemps que ce n'est plus le cas.
En revanche, il est clair et assumé par la Russie que les vols habités et la science sont respectivement leur avant-dernière et dernière priorités. Il est plus que probable que, après l'ISS, ils lancent la ROS en version ultra minimaliste pour maintenir les emplois, et n'aillent pas plus loin.