J’ouvre un nouveau sujet suite à l’échec de l’atterrisseur Peregrine, d’une part pour ne pas surcharger la rubrique dédiée, d’autre part car ma réflexion va au-delà du seul Peregrine.
On pensait, du moins on pouvait penser, que de nos jours atterrir sur la Lune comportait certes quelques difficultés, mais qu’il s’agissait d’une manœuvre tout à fait abordable pour qui s’en donne les moyens, surtout que cet exercice a été tenté et réussi plusieurs fois dans le passé. On a posé des engins sur Mars, voire sur Titan, donc la Lune ne devait pas souffrir de tant de problèmes pour s’y rendre.
Or, pour ces seules 5 dernières années, lorsque la décision de retourner sur la Lune fut actée, force est de constater qu’un alunissage reste une manœuvre redoutée, tant les échecs furent nombreux. Si au début de l’exploration lunaire, dans les années 1960-1970, de nombreuses tentatives échouèrent, elles déchiffraient un domaine alors inconnu. On pouvait considérer que plus de 50 ans plus tard, pendant lesquelles la technique faisait des bonds prodigieux, se poser sur la Lune deviendrait une pratique parfaitement maitrisée.
Cela a bien commencé avec Chang’e 4 (Chine), qui en 2018 réussissait à se poser sur le sol sélène. Hélas, l’année 2019 voit deux engins, Beresheet (Israël) et Chandrayaan 2 (Inde) s’écraser à sa surface. De nouveau, la Chine pose Chang’e 5 sans encombre en 2020. Mais le Japon, associé aux Emirats Arabes Unis, rate sa tentative en 2022 avec Hakuto. Et si en 2023 l’indienne Chandrayaan 3 réussit son atterrissage, la russe Luna 25 rate le sien. Début 2024, suite à un dysfonctionnement, l’américaine Peregrine ne peut même pas tenter l’alunissage. En 5 ans, 8 tentatives, 3 succès et 5 échecs. Et à chaque tentative ratée, quelques millions de dollars qui partent en fumée….
Se rendre sur la Lune reste une épreuve risquée, et cela est aussi vrai pour des alunissages habités. On ne fera pas l’économie de nombreux essais, de minutieuses vérifications, et tout cela aura un coût, et demandera du temps (le recul récent des dates d’Artémis n’est certainement pas le dernier). Ceux qui pensent que l’exploration habitée lunaire sera un long fleuve tranquille risquent de déchanter. D’autant que le discours, en montrant la Lune comme une étape vers Mars, accrédite l’idée d’une promenade de santé….