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http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-865074@51-865199,0.html
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Des parlementaires réclament que la politique spatiale redevienne une priorité pour l'Europe
Chine, Etats-Unis, Inde, Japon, Russie ou même Brésil, Ukraine et Corée du Sud : quelle que soit la direction dans laquelle ils regardent, les membres de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) voient des nations lancées dans des programmes spatiaux ambitieux. Or, "cette accélération de la course spatiale, l'Europe et la France s'avèrent, pour le moment, incapables de la suivre", déplorent le député Christian Cabal (UMP, Loire) et le sénateur Henri Revol (UMP, Côte-d'Or) dans un rapport rendu public mercredi 7 février.
Adopté par les 36 parlementaires de l'Opecst, à l'unanimité moins une voix, ce texte s'inquiète de la "crise existentielle" qui frappe l'Europe dans un secteur appelé à devenir de plus en plus crucial. "Si l'accès à l'espace fait l'objet d'une compétition mondiale, c'est bien parce que les technologies spatiales offrent, au-delà d'une prime de souveraineté et de prestige international, une palette de services directs et indirects dont l'importance va croître dans les prochaines décennies", écrivent les auteurs. Sur le continent, ceux-ci redoutent aussi que la France, qui n'a pas accentué ses efforts en faveur du Centre national d'études spatiales (CNES), finisse par se laisser déposséder de sa place de leader par l'Italie, l'Allemagne ou le Royaume-Uni.
"LE SPATIAL EST INVISIBLE"
Comment en est-on arrivé là ? L'industrie spatiale européenne a subi, depuis cinq ans, une "cure d'austérité sans précédent". Cette crise n'a été compensée ni par une augmentation conséquente du budget de l'Agence spatiale européenne (ESA), ni par un effort particulier de l'Union européenne. "L'Europe investit quatre fois moins que les Etats-Unis dans le spatial civil, et vingt fois moins dans le spatial militaire", constate le rapport. Selon le texte, durant cette période de marasme, les décideurs continentaux se sont enfermés dans deux impasses. La première est d'avoir cru que "la croissance du secteur peut être assurée d'abord par le marché". La seconde tient à ce que "le spatial aujourd'hui est invisible" : "L'opinion ignore qu'une journée sans satellites serait une journée de chaos économique et social", constate l'Opecst.
A ce "déclin", les parlementaires opposent "l'audace" de programmes publics qui rendraient au spatial son rang de "priorité" en Europe et en France. Pour étayer cette "vision", ils avancent cinquante recommandations. La dernière n'est pas la moins ambitieuse, puisqu'elle réclame que l'atterrissage du premier équipage européen sur la Lune soit programmé pour 2018.
De fait, l'Opecst se prononce en faveur du franchissement d'une "nouvelle étape" dans les vols habités, sans réduire pour autant la part des missions scientifiques qui ont fait la réussite de l'ESA ces dernières années. "Je ne vois pas comment l'Europe pourrait exclure les vols habités de son avenir spatial, a reconnu, mercredi, François Goulard, ministre délégué à l'enseignement supérieur et à la recherche. Ce serait un amoindrissement autoproclamé."
Secteur bien plus négligé, le spatial de défense devrait, pour sa part, bénéficier de budgets "doublés tous les cinq ans" si l'Europe veut tenir son rang face au volontarisme de pays tels que la Chine.