skyboy a écrit:Est-ce que c'est du métal pur ?
Je sais plus où j'ai entendu, mais il paraît qu'une groupe proportion du métal utilisé dans l'Antiquité provenait des météorites trouvées au sol. C'est vrai ça ?
(Tordons une dernière fois le cou à une légende...)
Aussi sidérant que cela puisse être, "sidérurgie" (l'art du fer) n'a rien à voir avec "sidéral" (qui concerne les astres, les constellations)
Voici un court extrait d'un un document traitant d'étymologie:
Influences astrales
Les astres nous influencent. De tout temps d’étranges croyances existaient : dans les Vosges et la Vendée, si on admirait les étoiles il fallait bien se garder de les dénombrer car tout homme qui comptait la sienne, risquait la mort sur-le-champ. A Marseille, à montrer les étoiles du doigt, on s’exposait à être couvert de verrues. Il eut fallu un iconoclaste comme A. Rimbaud pour oser un "je pisse aux étoiles avec l’assentiment des grands héliotropes".
De ces perceptions est née l’astrologie, nous le savons que trop bien. Les influences astrales s’exercent selon les astrologues, en liaison avec la position qu’occupent les astres dans le ciel. Ne dit-on pas de quelqu’un qu’il est né sous une bonne étoile ou que chacun a une étoile dans le ciel ?
Le mot influence lui même vient du latin influere "couler" et suggère bien l’idée d’un substrat en provenance des astres. C’est pourquoi les astrologues ont usé et abusé du mot influence pour exprimer les actions néfastes ou fastes des astres. Les médecins astrologues les invoquaient afin de maintenir corps et esprit en harmonie avec l’ordre cosmique. De façon générale, un astre mal situé affecte un individu au point d’altérer la santé ou la vie d’une personne. Elle peut subir la grippe ce que les Anglais nomment flu et les italiens influencia.
Lorsqu’un pauvre diable naissait sous une mauvaise étoile, il demeurait chétif, malheureux, de mauvaise condition physique voire disgracieux. On disait de lui c’est un malotru du latin male astracus "mauvaise étoile". Plus tard, au XVIIéme, il prit le sens de disgracié socialement, grossier personnage particulièrement. Un mal élevé quoi ! C’est ce sens qu’il a conservé aujourd’hui.
L’opinion que les astres nous influencent réellement selon les lois de l’astrologie reste répandue chez beaucoup de nos contemporains tandis que d’autres se rallient plus volontiers à un ciel "symbolique" sans rapport avec celui des astronomes.
De ce fait beaucoup de mots sont passés dans l’usage courant et témoignent de leurs origines astrologiques. Ainsi la constellation qui s’élève à l’est, au moment de la naissance d’un l’individu revêt une signification particulière pour le reste de son existence. D’où l’idée d’ascendance.
L’ascendant semble en astrologie plus important encore que le signe du natif. Aujourd’hui le concept exprime au sens figuré qu’un homme peut influencer quelqu’un.
Avoir de l’ascendant exprime l’influence de quelqu’un sur ses proches. Cette influence peut être tantôt positive tantôt négative. Dans ce dernier cas elle peut conduire au désastre. Le mot est emprunté à l’italien disastro : événement funestre tandis que disastrato voulait dire né sous un mauvais astre, encore un ! Sidérant non ? aurait ajouté l’humoriste Pierre Desproges.
En latin, stella a donné "étoile" tandis que le mot sidus "constellation" s’est généralisé à tout ce qui concerne les astres mais en insistant sur leur action néfaste pour retenir au XIX l’idée d’être stupéfait, littéralement abasourdi (sidéré).
Siderurgie n’a rien à voir avec sidéré, ni avec sidéral. On a cru pouvoir établir ce lien selon l’idée que le fer aurait été découvert par les hommes via les météorites. En fait il ne s’agit que d’un dérivé formé à partir du grec (et non du latin comme pour sidus) sideros "fer" apparence aussi trompeuse que celle qui nous fait croire que le soleil tourne autour de la Terre !
Au-delà des apparences, qui pensera à rattacher à sidérer des mots comme considérer et surtout désir ?! Si considérer signifiait tout d’abord "regarder les étoiles" dans le langage de la marine, il s’est généralisé en prenant le sens de regarder attentivement, réfléchir.
Désir est certainement le plus [beau] cadeau du ciel à nos pulsions vitales. A l’inverse de considérer, il s’agit cette fois de cesser de contempler l’étoile. Alain Rey dans le Dictionnaire historique de la langue française(Le Robert), écrit «désirer est issu par réduction phonétique (…) du latin desiderare». Deux fois la syllabe de, c’était trop, le mot s’est simplifié en désirer.
Quitter des yeux, ne plus regarder l’étoile que l’on aime, permet de constater une absence. Et c’est bien de l’absence que naît le désir !
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