Lunarjojo a écrit: PierredeSedna a écrit:
Comme le but de Musk est de faire de la marge pour financer les investissements permettant à terme d'atteindre Mars, il n'a pas vraiment intérêt à faire baisser significativement les prix des vols orbitaux avant longtemps.
Tiens, comme c'est curieux! Au début des tirs de la Falcon9, des inconditionnels de SpaceX n'arrêtaient pas d'affirmer que le prix du kilo en orbite allait baisser drastiquement. Je crois même me souvenir que certains prédisaient la mort d'Ariane à coup sûr. Comme le temps passe.....
Je ne suis pas un inconditionnel de SpaceX, mais depuis les conférences de Musk sur l'ITS, j'adhère pleinement à la stratégie du réutilisable et de la préparation de la conquête de Mars - tout en mesurant la grande ambition du projet et l'immensité du chemin qui reste à parcourir.
Il faut être dans une approche volontariste : nombreux sont les écueils, et le but est presque fou, mais c'est le destin de l'homme que de tout tenter pour maximiser ses chances de survie. Il faut donc y aller. Nous croyons en l'homme, et nous refusons que tout ce que l'homme, durant son histoire, a construit, sa culture, ses valeurs, sa capacité à produire des œuvres d'art et à partir à la recherche du bonheur soit ainsi à la merci d'une seule planète plus fragile que jamais.
Renoncer à Mars, ce serait renoncer à l'humanisme, qui est la cause la plus essentielle.
Pour ma part, j'ai parlé de baisse du coût du kilo mis en orbite, mais sur les prix, et l'impact sur Ariane, j'ai de manière constante eu une position moins caricaturale que celle qui est ici décrite.
Quand, dans une industrie, les coûts des concurrents baissent, on sait qu'un jour ou l'autre, les prix vont baisser, que l'on est comme l'oiseau sur la branche, et donc qu'il faut anticiper pour ne pas se retrouver un jour hors marché. Dès 2015, lors du premier retour sur Terre du premier étage de la Falcon 9, il aurait fallu commencer à préparer une Ariane réutilisable. C'est évidemment irresponsable de n'avoir pris que des demi-mesures : trop tard et trop peu avions-nous écrit.
Mais la baisse des prix peut aussi venir plus lentement que la baisse des coûts. Dire cela ne signifie pas qu'il faut s'abandonner à "un lâche soulagement" de type munichois. Il faut simplement réfléchir et comprendre ce qu'il se passe, afin d'affiner la stratégie.
J'ai plusieurs fois écrit que les projets "exotiques" de SpaceX, Starlink et la préparation de la conquête de Mars, ne nuisent pas aux intérêts de l'Europe spatiale, car ils éloignent pour un temps SpaceX de l'exercice d'une concurrence directe à l'encontre d'Ariane. J'ai plusieurs fois écrit que le danger premier pour Ariane ne vient pas de SpaceX, mais de Blue Origin. Du jour où la New Glenn volera, SpaceX sera contraint à accélérer sa baisse de prix et à pratiquer une politique commerciale à tous égards agressive.
Si le Starship est au rendez-vous, SpaceX tiendra le choc face à Blue Origin et à d'autres en Chine ou aux Etats-Unis. Et une solution que j'ai déjà préconisée (mais je suis le seul) serait de faire racheter par l'Europe les brevets de la Falcon 9 dont SpaceX n'aura plus besoin, de la même façon que la France, à la fin du septennat de de Gaulle, avait racheté à Westinghouse les droits d'accès à l'utilisation des technologies de la filière nucléaire américaine PWR. Le prix de l'achat par l'Europe de ces brevets contribuera au financement de la conquête de Mars par SpaceX, et la France pourra se remettre dans la course en améliorant à sa façon les technologies de la Falcon 9. Ce ne serait pas un renoncement à l'indépendance européenne, mais un nouveau départ avec de réelles chances de continuer à exister.
Dans cette logique, la réussite de ce qui est entrepris à Boca Chica rencontre l'intérêt national français et l'intérêt de l'Europe.