montmein69 a écrit:Elon Musk avait aussi annoncé qu'il enverrait un Red Dragon atterrir sur Mars en utilisant les super-Dracos
Ce modèle de vaisseau et ce projet ont fini dans les poubelles de l'histoire spatiale.
Sympa l’ami @Montmein69 ce soir.
La canicule lui donne du mordant ! :affraid:
Vivement la pluie !
Non mais blague à part, on ne peut que constater que dans tous les pays du monde, depuis que l'astronautique existe, pour un projet qui se réalise, il y en a au moins cinq qui n’aboutissent pas. C'est dommage, mais ces projets qui ne voient pas le jour ne sont pas du temps complètement perdu. Ils mobilisent des équipes, ils entretiennent l'espérance, ils enrichissent l'imaginaire collectif et apportent un réservoir de bonnes idées aux ingénieurs du futur.
Pas d'exception, dans aucun pays, aucune entreprise. De l’Hermès français au Venture Star américain, de la Bourane Soviétique à la Skylon britannique, l’histoire spatiale est remplie de projets qui ne se sont pas concrétisés, ou qui ont été engagés et ne sont pas allés à leur terme. Cela n’a pas commencé avec SpaceX.
L’ami @Montmein69 parle de « poubelles de l’histoire », expression qui nous vient de Lev Davidovitch Bronstein dit aussi Léon Trotski, et qui était à la mode en France en mai 1968. Je préfère parler de nostalgie de ce qui avait été projeté, de ce qui aurait pu être et n'a pas été - et d'une certaine façon qui existe dans un univers parallèle affleurant de temps en temps dans nos consciences.
Entre la science-fiction et le monde réel, il y a une zone intermédiaire occupée précisément par ces projets non aboutis et qui font rêver.
C’est vrai que pour certains, rêver c’est oublier le principe de réalité et donc échouer. Mais il me semble que c’est un peu plus compliqué que cela.
Ce qui doit inquiéter, c’est qu’un projet abandonné ne soit pas remplacé par un autre projet. Hermès a été remplacé par ??
On peut critiquer les difficultés de la mise au point finale de la capsule Dragon 2 de SpaceX, mais l'Europe, de son côté, n'a aujourd'hui même pas de capsule à mettre au point. Quelle est la situation la plus enviable ?
Les Chinois avaient un projet de cabine pour les vols habités au début des années 1980, quand on parlait d'Hermès en France et que l'on était encore loin de Dragon aux Etats-Unis. Je me souviens que j'avais été enthousiasmé il y a quarante ans par une photo un peu floue, en noir et blanc, de cet engin chinois prise - on ne sait comment - par les Américains et publiée dans Aviation Week qu'étudiant, j'allais lire à la bibliothèque publique d'information du centre Georges Pompidou. Ce projet a été abandonné par les Chinois.
Aujourd'hui, on sait qu'il s'agissait d'une cabine biplace qui portait le nom de Shuguang (Aube). Et qui n'aurait pas permis de faire grand-chose dans l'espace. Mais environ 15 ans plus tard, le Shenzhou est arrivé. On n’a pas perdu au change.
Avec SpaceX les projets se succèdent à une cadence plus rapide. Certains aboutiront, d’autres pas. Mais enfin, entre la Falcon 1 et la Falcon Heavy, l'échelle a été multipliée par 27 et la réutilisation partielle est apparue. Dommage qu'Ariane 6 n'ait pas marqué des évolutions similaires par rapport à Ariane 5.
Selon des témoignages, en octobre 2001, au moment où il a été foudroyé par l'accident de santé qui lui a été fatal, Albert Ducrocq était en train d'écrire une de ses chroniques hebdomadaires dans Air & Cosmos, consacrée à un concept d'Ariane 6 comportant cinq moteurs Vulcain, et qui aurait été de classe lunaire.
Je n'ai jamais pu me procurer cette chronique inachevée, et personne ne parle plus de lanceur européen de classe lunaire. D'ailleurs, à quoi servi un lanceur européen de classe lunaire sans vol habité et sans capsule européenne comparable à la Dragon 2 ou à Orion pour ces vols habités ?
Reprocher à SpaceX d'avoir trop d'ambition ne fait pas avancer la prise de conscience de l'anomalie que représente le manque d'ambition de l'Europe dans le domaine spatial. De ce point de vue, c'est même contre-productif.
Evidemment, le lanceur pourvu de cinq Vulcains imaginé par Albert Ducrocq il y a presque vingt ans n'aurait pas été réutilisable, et il n'est donc plus d'actualité. Mais je vais faire une remarque évidente, il aurait coûté moins cher que le SLS et il aurait été plus fiable. Si elle s'était mobilisée sur ce projet il y a vingt ans, l'Europe serait aujourd'hui sur la Lune. Cela, c'est une occasion manquée, et comme le disait Céline, "l'Histoire ne repasse pas les plats".