L'Afrique du Sud inaugure son télescope géant

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jeudi 10 novembre 2005, 13h11

L'Afrique du Sud inaugure son télescope géant, le plus grand de l'hémisphère sud

SUTHERLAND (Afrique du Sud) (AFP) - Au coeur de la région semi-désertique du Karoo, l'Afrique du Sud a inauguré jeudi le plus grand télescope de l'hémisphère sud, porteur de promesses scientifiques et d'espoirs de développement dans une des zones les plus pauvres du pays.
Le SALT (Grand télescope d'Afrique australe), doté d'un miroir hexagonal de 11 mètres de diamètre, permettra d'observer des étoiles et des galaxies un milliard de fois trop lointaines pour êtres visibles à l'oeil nu, soit l'équivalent d'une "flamme de bougie sur la lune".

Il offrira la possibilité, selon ses concepteurs, de mener à bien des "observations qu'aucun autre télescope dans le monde ne permet", telles une étude fine du Grand et du Petit nuage de Magellan, galaxies satellites en orbite autour de la voie lactée, seulement visibles depuis l'hémisphère sud.
Lors de la cérémonie d'inauguration, le président sud-africain Thabo Mbeki a salué la naissance de "cet oeil géant dans le Karoo" qui "nous apprendra des choses inconnues et excitantes sur nous-mêmes".

Réalisé en partenariat avec les Etats-Unis, la Pologne, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande, le SALT a coûté 21 millions d'euros.
Au-delà de l'engouement scientifique qu'il suscite pour une meilleure compréhension des origines de l'univers, ce télescope géant est synonyme de projets de développement sur terre.

Sutherland, petite ville surgie au milieu d'arides paysages, à 350 kilomètres au nord-est de la ville du Cap, compte 2.000 habitants. Et un taux de chômage supérieur à 60%.

"Nous avons été isolés pendant tant d'années", raconte Alletta van Sittert, membre de l'équipe du maire de la municipalité de Karoo Hooglandson, Nelis Symington. "SALT apporte une réponse à la question du développement économique durable dans cette région", explique-t-elle.

La transformation de Sutherland, longtemps connue pour la rigueur de ses hivers, porte en elle un paradoxe : le développement du tourisme risque de porter atteinte à l'un de ses principaux attraits astronomiques: son isolement.

Depuis le début de la construction en 2000, le nombre de visiteurs a été multiplié par dix et un projet de route touristique lancé.

Même si tous affichent leur volonté de trouver un équilibre, les divergences entre élus locaux et astronomes existent. Avec, pour les scientifiques, une obsession: la pollution lumineuse qui risque d'amoindrir les performances de ce télescope sensible à la moindre "lumière d'origine humaine".

"Oui, il peut y avoir un conflit", reconnaît Mosibudi Mangena, ministre des Sciences et technologies.

"Nous devons gérer cette interaction afin de nous assurer que ce que nous avons construit avec la communauté internationale soit protégé", explique-t-il à l'AFP, persuadé que tourisme et astronomie de pointe "peuvent co-exister".

Preuve de ces inquiétudes, l'annonce d'un projet de construction d'un golf de 18 trous à Sutherland, suscite une vive polémique.

"C'est une idée redoutable", affirme David Buckley, responsable scientifique de SALT. "Je suis inquiet de la pollution lumineuse et, de plus, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de développement pour un endroit tel que le Karoo", explique-t-il.

Cette région semi-désertique qui vient d'accéder à la notoriété est en lice pour accueillir un autre projet d'ampleur: le SKA (Square kilometer array), plus grand radiotélescope du monde.

Australie, Argentine et Chine sont en compétition avec l'Afrique du Sud. Le nom du pays vainqueur devrait être annoncé en 2008.
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