Je ne me lancerai pas dans l'allégorie, ni dans des comparaisons à visées universelles. Elles ont leur utilité (parfois) mais aussi leurs limites.
Tout ce qui est évoqué dans les messages précédents, ce sont des "péripéties" (certes dont on fait l'histoire et les romans) mais irréductiblement liées à notre planète mère. Bien au chaud dans son cocon, et là où l'espèce humaine est apparue et s'est développée en quelques dizaines de milliers d'années.
Là on parle de voyage dans l'espace, dont notre expérience remonte à 50 ans, et met l'humain face à des difficultés très concrètes : le vide, le froid, l'absence de gravité, les rayons etc ...
L'expérience que l'on a, c'est qu'il est possible de vivre en LEO (des missions de durée finalement assez limitées, disons 6 mois et qui ne peuvent se renouveler facilement), et qu'on peut envisager des séjours courts sur notre satellite avec un déploiement technologique conséquent - mais restant raisonnable - des technologies que l'on maitrise actuellement.
Le constat prévisionnel sur des voyages plus longs, c'est qu'on ne sait pas faire :
- durée du voyage (avec son corollaire de payload à emporter pour un support vie acceptable)
- résistance humaine (physique et morale) très aléatoire
Il y a un saut technologique à effectuer .... pour envisager de le faire.... (concrétement réduire la durée du voyage) cela passe par une importante phase de R&D notamment dans le domaine de la propulsion et dans la capacité d'assemblage de vaisseaux interplanétaires en orbite.
Tant qu'on ne disposera pas de cela , on peut utiliser les grands mots tant qu'on voudra .... cela sera du vent.
Alors depuis 15 ans, les agences spatiales consacrent une part importante de leur budget pour le vol LEO (et cela parait entériné pour continuer au moins 20 ans). Evidemment ... cela permettra une présence humaine, cela permettra d'emmagasiner de l'expérience supplémentaire, mais cela ne fera pas avancer la R&D évoquée ci-dessus.
Est envisagé comme étape du
flexible path, un vol assez long vers un astéroïde vers 2025/2030 ... mais d'après ce qu'on peut prévoir, avec les moyens techniques existants actuellement. Donc même si cela se fait et réussit, cela n'ouvrira pas pour autant les portes du voyage interplanétaire long. Et donc on peut se poser légitimement la question de sa réelle pertinence par rapport aux buts ultérieurs poursuivis si,
simultanément, les efforts de R&D ne sont pas entrepris (question de budget bien sûr ... mais les deux en même temps qui peut parier là-dessus ?)
Donc on va continuer à avoir une présence dans l'espace, donc pas d'arrêt ni de régression (de ce côté les aficionados n'ont pas de crainte à avoir, si c'est le terme
arrêt qui les a hérissé) , mais de fait pas trop d'espoir de réaliser le saut technologique indispensable comme s'il découlait de soi.
Je reprendrai en l'adaptant un peu la conclusion de SpaceOpera dont je partage l'avis :
"Je ne dis pas que l'Homme dans l'espace à l'heure actuelle ne sert à rien, je pense simplement que prétendre qu'envoyer aujourd'hui des Hommes dans l'espace -avec les seules technologies actuelles - sert à préparer l'installation de l'Homme dans l'univers demain, c'est se bercer d'illusions"
J'aurai même eu tendance à être plus réducteur en limitant les ambitions affichées à "préparer le voyage de l'homme dans son système solaire"