cosmochris a écrit:...
C'est bien ça, il y pensait déjà avant, soit 4-5 mois seulement après le début de l'entrainement.
Sûr que l'annulation d'AAP fût beaucoup plus déterminante que le déroulement de l'entrainement.
cosmochris a écrit:...
Slayton leur avait dit tout de suite qu'il avait du travail mais pas de vols pour eux (les XS-11) et début 1968 certains astronautes du groupe 3 n'avaient pas encore volé, ni ceux du 4, ni ceux du 5 mais bon c'est vrai on peut considérer qu'il y avait espoir de voler un jour : mais alors cet espoir ne l'a pas motivé pour rester à la NASA, contrairement à d'autres.
Le terme "Excess 11" est apparu après l'annulation d'AAP et des missions 18 à 20. Avant cela, le Groupe 6 entrait dans l'effectif normal d'un corps d'astronautes compte-tenu des missions déjà programmées. D'ailleurs, certains du Groupe 6 ont joué un rôle dans le programme Apollo avant de pouvoir enchainer sur la navette. Ca fait effectivement partie de la progression de carrière habituelle aujourd'hui mais, à l'époque, personne n'était vraiment préparé à ce type de cursus (y compris la formation de pilote imposée aux scientifiques) et les critères de sélection faisaient l'objet de révisions et de mises au point successives (c'est encore le cas aujourd'hui mais pas du tout dans les mêmes proportions).
cosmochris a écrit:...
O'Leary n'avait visiblement pas une vision réaliste de ce qui attendait un jeune astronaute : des années de travail pour un jour intégrer un équipage support, puis un équipage réserve, puis voler.
Comment lui en vouloir compte-tenu du faible nombre d'astronautes américains ayant volé avant qu'il soit sélectionné. De plus, sa spécialité en aréologie ne lui assurait probablement pas le même avenir sur les missions navette que les autres spécialistes sélectionnées dans le Groupe 6. De plus, ce métier a réellement été "inventé" par le Programme Apollo et il me semblerait présomptueux que quiconque à l'époque puisse prétendre savoir à quoi il pouvait s'attendre.
cosmochris a écrit:D'autres en effet ont démissionné comme lui, mais même s'ils ont pu émettre des critiques sur la NASA, ils n'en ont pas fait un bouquin à fort retentissement. Et surtout, contrairement à ceux qui sont restés 10-20 ans à attendre, il n'était pas désireux de s'investir dans ce que lui proposait la NASA. Quand je dis "hors du moule", je veux dire que c'est très étonnant que quelqu'un d'aussi jeune (27 ans) qui a réussi à passer une sélection aussi difficile pense à démissionner (et démissionne) aussi tôt, en étant aussi critique.
Le retentissement de son livre n'est pas tant lié à la personnalité du rédacteur qu'à la vision qu'il apporte sur ce que la NASA envisageait réellement de faire à l'époque du Programme Apollo avant que les décideurs ne mettent fin à tous ses prolongements pour favoriser la navette. En parallèle, l'USAF mettait aussi fin au programme MOL qui aurait pu assurer aux USA une présence permanente en orbite à l'instar de ce que choisirent de faire les Russes après avoir perdu la course à la Lune. Quand je dis que c'était un visionnaire, c'est parce que sa vision, partagée alors par beaucoup (y compris Von Braun), finit par être celle retenue aujourd'hui. La NASA a donc perdu 40 ans non pas sur le plan technologique car les progrès ont continué (surtout grâce à la navette et à l'ISS) mais en matière de politique d'exploration puisque la suite logique d'Apollo devait être une présence permanente en orbite basse suivi des missions exploratoires d'astéroïdes et de Mars (on parlait aussi alors d'un survol de Vénus) et le tout en collaboration avec les Russes comme l'a préconisé très tôt O'Leary. Où est le progrès dans la vision actuelle de l'avenir de la conquête spatiale ? Tout au plus un meilleure probabilité de parvenir à ces buts grâce à certains progrès technologiques (mais le principe du VASIMR couvait déjà dans le projet NERVA de Von Braun). Il y a un roman particulièrement bien construit du brittanique Stephen Baxter (titre original "Voyage") paru il y a 15 ans qui retrace ce qu'aurait pu être le Programme Apollo s'il n'y avait pas eu la guerre du Vietnam qui a imposé toutes les coupes budgétaires que l'on connait (et ceci à cause de Johnson qui s'est empressé de défaire ce que Kennedy avait fait: n'oublions pas que l'on doit à la ténacité de James Webb que Johnson n'est pas aussi mis fin au Programme Apollo). C'est au moment de sa parution un roman de science-fiction mais 30 ans plus tôt, c'était tout bonnement le programme de la NASA.
Le programme spatial américain est une succession de mouvements de balancier influencés tantôt par l'armée (X-20/MOL/Navette/X-37) ou par les partisans de l'exploration spatiale (Apollo/Constellation...). On continue ce type de tergiversations aujourd'hui, les uns s'empressant de défaire, ce que les autres ont réussi patiemment à construire. O'Really était foncièrement anti-militariste (cela se ressent dans les relations tendues qu'il entretenait avec les anciens du Vietnam du corps des astronautes d'Apollo) et donc dans le camp de l'exploration spatiale.