Notre Pierredesedna aurait-il été bercé par un autre Pierre : Teilhard de Chardin ?PierredeSedna a écrit:David L. a écrit:
L'environnement, les autres espèces animales ou végétales n'ont pas justifier leur existence par rapport à nous.
Il est très étonnant, alors que nous recherchons si la vie est apparue ailleurs que sur Terre, de considérer les autres formes de vie sur notre planète comme ne se justifiant qu'en fonction de nous...
Je sais que c'est une opinion très répandue dans la société actuelle, illustrée par beaucoup d'auteurs, que j'ai pour certains lus. Je respecte cette opinion, mais je la trouve régressive et j'y suis totalement opposé.
De mon point de vue, la vie est plus intéressante que la matière inerte (pourquoi la recherche-t-on sur Mars d'ailleurs...) ; les animaux sensibles, comme les chiens, méritent une particulière attention, plus grande que celle à l'égard des formes de vie plus primitives, comme celles des crabes ou des poux de mer ; la conscience est au-dessus de la vie ; il existe peut-être dans l'univers des phénomènes encore plus avancés que la conscience et encore plus précieux, selon l'intuition d'Arthur Clarke ou celle d'Albert Ducrocq dans "le Roman de l'homme" ou "la Chaîne Bleue" ; si un jour nous sommes placés devant ces phénomènes, nous devrons peut-être savoir à notre tour nous effacer.
Il y a donc une hiérarchie de valeurs qui place une symphonie musicale au-dessus d'un coassement de grenouille, et l'homme au dessus du rat ou de l'amibe. Je dis cela sans aucun mépris vis-à-vis de la grenouille, du rat ou de l'amibe, mais en situant chacun à la place qui est la sienne. Et en admettant qu'il y a probablement dans le cosmos des entités situées bien au-dessus de l'homme.
C'est à mon sens une confusion que de déduire de l'interdépendance généralisée au sein de l'écosystème terrestre une égalité de valeur entre ses constituants. Le constat de l'inégalité fondamentale entre les espèces vivantes n'empêche pas l'empathie et le respect à l'égard de toute forme de vie, et la bienveillance à l'égard de nos cousins mammifères, qui sont à des degrés divers des êtres sensibles. Aimer les autres formes de vie, ce n'est pas les mettre à égalité avec la nôtre.
La seule égalité que je connaisse, c'est celle entre les êtres humains. Il ne faut pas transiger avec ce principe. Il ne faut pas diluer ce principe en l'étendant faussement à des non humains.
Tant que nous restons incapables de construire des biosphères en dehors de notre planète, nous sommes de fait pris en otage par l'écosystème terrestre dont nous dépendons. Je pense que c'est ce qui explique que certains soient tentés de se déposséder de leur valeur spécifique d'humain : attribuer une valeur égale à tous les composants de cet écosystème, c'est être victime d'une variante du syndrome de Stockholm à l'égard du preneur d'otage. C'est donc être aveuglé par une sorte de peur irrationnelle face aux incertitudes de notre destinée de forme la plus avancée de complexité apparue dans le système solaire.
Nous devons assumer ce que nous sommes, même si c'est difficile et si la tentation de la régression pour nous cacher, nous noyer dans la biosphère est bien présente.
Je parlais précédemment de sens. Cela renvoie à la flèche du temps. On est parti du chaos du Big Bang et de la soupe primitive des éléments et on arrive à la conscience, en passant par différentes étapes de structuration de la matière et de la vie dont l'univers et l'écosystème conservent des vestiges. La conscience est le couronnement de la vie. A travers l'homme et ses semblables dans la galaxie, l'univers prend conscience de lui-même. Ce que les plantes et les animaux ne font qu'imparfaitement.
Nous sommes bien sûr infiniment libres, y compris de renier ce que nous sommes et de rejeter toutes les valeurs de la civilisation et du progrès. C'est nous qui fixons les valeurs, nous avons aussi le pouvoir de les détruire. Mais nous sommes aussi libres de préserver ce que nous avons apporté au monde : la culture, la bienveillance, les formes élevées de l'amour, l'ingéniosité, le goût de l'aventure, la capacité à nous organiser et à nous améliorer de génération en génération. Et cette intelligence qui n'aurait jamais pu émerger sans l'ensemble des phénomènes de la Terre, sans les étoiles et nous dit-on, sans les trous noirs, peut essayer de se projeter en retour vers le vaste univers. Cela conduit à ce que l'on appelle la conquête spatiale.
Notre espèce existe. Elle peut parfaitement se mépriser elle-même, se rabaisser au niveau des animaux et décider de décliner puis de disparaître. Il n'y aurait alors plus d'autre conscience sur des années lumières cubes autour du soleil.
Elle peut aussi saisir l'opportunité de son existence pour utiliser ses capacités, relever des défis et se donner un destin. Si l'homme ne le fait pas ici, d'autres le feront ailleurs. Mais alors, pourquoi eux, et pas nous ? Il suffit de vouloir. L'expérience de SpaceX montre la puissance de la volonté.
En tout cas, encore un post brillant d'un auteur qui en compte déjà beaucoup d'excellents et qui pourrait d'ailleurs songer à publier dans des revues prestigieuses.
Toutefois, j'émettrai une réserve au sujet de la phrase suivante et notamment du terme 'effacer' :
"il existe peut-être dans l'univers des phénomènes encore plus avancés que la conscience et encore plus précieux, selon l'intuition d'Arthur Clarke ou celle d'Albert Ducrocq dans "le Roman de l'homme" ou "la Chaîne Bleue" ; si un jour nous sommes placés devant ces phénomènes, nous devrons peut-être savoir à notre tour nous effacer."
Même en présence d'un "phénomène encore plus avancé que la conscience", l'humanité pourrait garder des cartes à jouer ou apporter sa pierre à l'édifice, éventuellement par symbiose ou association, en tout cas si l'humanité n'est pas complètement annihilée.
Voyez par exemple certaines bactéries intestinales ou virus, auxquels nous nions d'ailleurs même la qualité de "vivant", ou bien dans un autre style le roman "La planète des singes" de Pierre Boulle.
Bref, si la conquête spatiale se situe à l'une des pointes du génie humain, il nous toujours garder à l'esprit qu'elle s'appuie sur bien des moyens parfois non humains.
Dernière édition par Aramis le Mar 9 Mar 2021 - 23:31, édité 1 fois