Argyre a écrit:Hum, disons que les phrases étaient effectivement extraites d'un site sérieux, donc probablement vraies, mais sorties de leur contexte, elles dénaturent (!) les conclusions que nous devrions tirer à propos des coraux et des oiseaux. Il est donc préférable de donner d'autres exemples.
Je ne comprends pas pourquoi tu le présentes comme cela. Voici le texte exact (je surligne en gras la partie importante au regard de nos derniers échanges) :
Eloi a écrit:[...] Le Monde aurait pu citer dans le même coup, du même Office National de la Biodiversité, l'évaluation de la biodiversité dans les forêts française ici. Sans être roses, certains résultats ne sont pas si négatifs vis-à-vis de la capacité d'un pays industrialisé, la France, à préserver son environnement. Allez, pour donner un peu d'espoir, quelques points positifs :
* les volumes de bois favorables à la biodiversité ont augmenté de façon significative entre 2006-2010 et 2011-2015 : +7%
* la surface de forêt a augmenté de près de +20% depuis 1990 (et de 70% depuis le XIXe siècle)
* l'abondance de la population des oiseaux forestiers n'a diminué que de -3% depuis 1989 (significatif ?)
Sur le même site de l'ONB, on constate d'autres points positifs :
* les dépenses de financement pour préserver la biodiversité et les paysages ont presque doublé depuis les années 2000 (lien)
* 70% des récifs coralliens voient leur recouvrement en corail vivant en augmentation ou stable (lien)
L'objectif de mon message :
* n'était certainement pas de minimiser, et encore moins nier, l'impact environnemental des activités humaines,
* mais plutôt de relever qu'il y a des choses qui se passent moins mal, voire que ça progresse.
Il me semble que mon message est clair : il veut apporter quelques points positifs de progrès, et se concentre explicitement sur ce qui est du périmètre de l'ONB, source à l'origine de l'article du Monde à l'origine de la discussion. Je ne les ai certainement pas sorties de leur contexte, et le pire dans l'affaire, c'est que sur le fond : "l'homme endommage les écosystèmes, et préserver la biodiversité c'est important" nous sommes tous d'accord. Mais je n'apprécie pas que l'on torde mon message et que l'on me fasse dire des choses que je ne dis pas.
Je vais essayer de le répéter : ne voir que le négatif c'est désespérant, et pire encore, cela annihile l'intérêt des efforts consentis pour améliorer les choses. Je ne suis pas certains que tous ceux qui font avancer le sujet, avec des efforts et de l'implication personnelle, apprécient vraiment cet alarmisme permanent : le discours devient nihiliste et, comme déjà dit, est susceptible d'inhiber toute capacité d'action. Après tout, "si c'est foutu", pourquoi changer quoi que ce soit ?
Désolé pour ma redite : l'exemple des forêts française, et de la France en général, est intéressant (et loin d'être unique). Si l'impact de l'Homme est indéniable, pour autant il ne peut être nié :
* que des efforts nationaux peuvent préserver, au moins localement, de la biodiversité, ou au moins minimiser les impacts : ex : les parcs nationaux et régionaux, dans lesquels se concentrent les efforts de préservation,
* que des progrès technologiques peuvent améliorer la situation : ex : les progrès agricoles ont rendu à la nature de grandes parcelles,
* qu'un besoin collectif de préservation existe, se développe, ex : ne serait-ce que l'actuel débat !
* que d'une autre part, dans une économie de la subsistance, le déboisement est une nécessité vitale qui détruit également la biodiversité.
Argyre a écrit:[...] aucun dirigeant de la planète ne tente de discuter avec ses voisins du problème de la croissance de la population mondiale. Et donc, par analogie, alors que certains font des efforts pour réduire leur part de gâteau et qu'il n'y a pas assez de parts pour tout le monde, on augmente tous les jours le nombre de personnes qui vont prendre une nouvelle part ...
Cela va mal se terminer, c'est une évidence. Mais il faut aller au bout du raisonnement. A l'échelle individuelle, l'effort est vain, et même au niveau associatif, cela ne change pas grand chose à la tendance. Au niveau politique, aucun parti ne prône de manière explicite un sommet mondial pour arrêter la croissance de la population, que ce soit d'ailleurs au niveau planétaire, de la France ou de l'Union Européenne.
Bon je vais encore peut être passer pour un abominable vendeur de verre qui ne serait pas seulement à moitié vide, mais aussi possiblement à moitié plein ;)
D'après l'ONU, la croissance de la population mondiale se poursuivra dans le siècle prochain. Toutefois, ce que l'on constate, c'est justement que les pays ayant les plus fortes croissances démographiques sont généralement les pays en voie de développement, et que la progression du développement conduit à une forte baisse du taux de natalité : c'est la fameuse transition démographique, laquelle s'est déjà produite dans l'essentiel des pays développés. Si l'on en croit les statistiques existantes et les projections de l'ONU, le taux de croissance va progressivement diminuer, et accompagner la baisse du taux de natalité :
Quelque part, ces évolutions sont naturelles, et, d'une certaine façon validées par l'expérience observée dans les pays développés : à la fin de la transition démographique, la population se stabilise à un certain niveau. Pour peu que l'on porte foi à ces projections, la population devrait se stabiliser naturellement du fait du développement. La question est donc : comment préserver autant que possible de biodiversité malgré ce stock ~12 milliards d'êtres humains qui vont vouloir manger, se vêtir, se loger, s'éduquer, se cultiver et s'amuser ?
Voyons le verre à moitié plein :
* il existe des moyens de limiter autant que possible la casse : extension des parcs naturels, principe de pollueur-payeur, optimisation et développements technologiques,
* 12 milliards d'êtres humains, c'est aussi des milliers de milliards d'heures de travail disponibles pour trouver des bonnes idées, et de bonne volonté pour les mettre en œuvre.
Et comme il serait abominable de chercher à se débarrasser de ces "hommes en trop", ou de forcer l'humanité à un nouveau moyen âge, je suis certain que certain que la solution ne se trouve pas dans l'énumération des sources de désespoir, mais dans la promotion des initiatives et des inventions qui vont dans le bon sens.
Et cela me permettra de n'être qu'à 99% dans le hors-sujet : je reste convaincu que toute extension des connaissances et développements technologiques liés à la mise au point de systèmes d'ISRU, de recyclage, de système-vie et d'écosystèmes à petite échelle dans le cadre d'un projet moyen terme de peuplement sur la Lune, sur Mars, ou ailleurs, ira dans le bon sens. Tout comme toute opportunité à quelque terme que ce soi de mettre de l'industrie dans l'espace, là où l'on endommagera aucun écosystème.
On est d'accord que ce n'est pas pour demain !