Bilan de l'année spatiale 2018

On voit bien sûr l'essor chinois, tiré presque exclusivement par le Gouvernement (mais avec du commercial en vue pour les années à venir).

Et on voit que les USA c'est 50 / 50 environ entre commercial et gouvernemental (civil+militaire).

Même proportion à peu près que l'Europe, contrairement à la critique sans cesse formulée par nos grands patrons du spatial européen.

Les Chinois sont quand même passé devant l'Europe pour ce qui est du commercial (7 lancements contre 4 à Kourou), ce qui prouve que même dans ce secteur, on a du soucis à se faire. La cadence de lancement gouvernementaux impacte favorablement leur activité commerciale, leurs lanceurs sont plus fiables et prêts plus rapidement.

On voit aussi l'effondrement du segment commercial chez les russes, principalement causé par un déficit de fiabilité. Le prix est une chose, mais en deça d'un certain niveau de fiabilité, l'aspect risque et assurance annihile totalement l'intérêt de leur offre. Sans compter les sanctions, la perte des fournisseurs ukrainiens, et la faiblesse de leur marché commercial intérieur. Je pense qu'ils ne s'en sortiront qu'en accélérant le développement d'Angara et rétablissant la confiance qui leur fait défaut ces dernières années.

Vadrouille a écrit:Les Chinois sont quand même passé devant l'Europe pour ce qui est du commercial (7 lancements contre 4 à Kourou), ce qui prouve que même dans ce secteur, on a du soucis à se faire. [...]

La comparaison est cependant trompeuse. L'Europe a fait 3 lancements doubles vers l'orbite géostationnaire et 1 lancement de constellation (O3b). La Chine n'a fait qu'un lancement simple géostationnaire (Apstar-6C) plus 6 lancements en LEO de charges bien plus légères, et à part un tir pour le Pakistan, tous les clients commerciaux sont intérieurs.

Le lancement d'Electron ce matin a permis de passer la barre des 90 tirs orbitaux (échecs inclus) en 2018.

Il reste encore 50 jours avant la fin de l'année, les chances sont très élevées de passer la barre des 100 tirs et raisonnablement bonnes de passer celle des 110 tirs.

Encore deux tirs et l'activité cette année sera la plus élevée depuis 1994.

Le record absolu reste de 139 tirs en 1967 et la dernière année au-dessus de la centaine de tirs est 1990 (121 tirs).

Le lancement ce soir d'Ariane a permis de franchir la barre des 100 satellisations depuis le 1^er janvier, ce qui n'était pas arrivé depuis 1990.

C'était alors aussi une Ariane, une 42P, qui avait réalisé le 100^e tir avec satellisation, mais dès le 20 novembre, soit 14 jours plus tôt dans l'année.

Répartition des tirs orbitaux en 2018, par pays et par nature :

Avec 32 tirs depuis le 1^er janvier 2018, l'activité des Etats-Unis est cette année la plus élevée depuis 1998 (36 tirs).

Depuis 1970, l'activité américaine ne fut plus élevée qu'en 1971, 1972, 1978, 1996, 1997 et 1998.

Avant 1970, elle fut en continu plus élevée de 1961 à 1969, avec un maximum en 1966 (77 tirs).

Question : avec deux échecs sur environ 110 tirs, on est à un record de taux de succès non ?

ReusableFan a écrit:Question : avec deux échecs sur environ 110 tirs, on est à un record de taux de succès non ?

En taux de satellisation, il y a déjà eu une année sans échec. En 1984 si ma mémoire est bonne. Je vérifie ce soir.

David L. a écrit:

ReusableFan a écrit:Question : avec deux échecs sur environ 110 tirs, on est à un record de taux de succès non ?

En taux de satellisation, il y a déjà eu une année sans échec. En 1984 si ma mémoire est bonne. Je vérifie ce soir.

Après vérification, je crois que les années à 1 échec sont 1957 (!), et 1989 (1/102). Et seule année à 2 échecs pour l'instant : 1983 (2/128).

Et au nombre de lancements total, on revient cette année aux chiffres de la fin des années 1980.

Bref, pas de révolution, mais on revient à un rythme soutenu, avec cette année peu d'échecs.

David L. a écrit:

ReusableFan a écrit:Question : avec deux échecs sur environ 110 tirs, on est à un record de taux de succès non ?

En taux de satellisation, il y a déjà eu une année sans échec. En 1984 si ma mémoire est bonne. Je vérifie ce soir.

Confirmation : 1984 est la seule année sans aucun échec de satellisation. Mais cette année là, il y eut quand même des pertes de charges utiles, inexploitables malgré leur satellisation.

En 2018, le taux de satellisation est actuellement de 98,18 %. C'est le plus élevé depuis 2001.

Les années avec un taux de satellisation plus élevé sont : 2001, 1989, 1984 et 1983.

Sur ce point, 2018 est donc une des 5 meilleures années de l'histoire de l'astronautique.

Encore un gros travail de compilation de données de David-L

Je chipote un tantinet .... ben oui c'est bientôt Noël .... il faut occuper sa soirée de réveillon dans la joie et la bonne humeur :cadeau:
Mais de toute façon je pense que dans la lignée du David légendaire (son fils et digne héritier, Salomon dans sa grande sagesse s'évita le titre de bébé-killer :lol!: ) il avait dans l'idée de le faire : car à chaque jour suffit sa peine et il a publié son premier graphique plus vite qu'un reflet de glaive avant qu'il ne rejoigne son fourreau :sage:

Donc quelques suggestions :
- pour des données uniques portant sur un bilan annuel, je pense que les histogrammes (les barres dont le sommet correspond au nombre) sont plus adaptés que les courbes en continu, c'est en effet plus lisible.
- Le tracé des graduations d'ordonnées par 5% facilite le repérage du nombre atteint. Dans le même ordre d'idée, placer un tracé (un trait un peu plus épais si c'est faisable ?) de repérage des décennies en abscisse pourrait aider à se repérer ?
- un rappel en légende du code des couleurs (placement en orbite et placement en orbite avec CU opérationnelle, si je ne me trompe pas) serait utile.

Le lancement de GPS III est le 111^e tir orbital de l'année 2018 et le 109^e avec satellisation.

Le taux de satellisation est désormais de 98,20 %.

Si le dernier tir russe de l'année, prévu depuis Vostotchniy, et les 3 ou 4 lancements chinois prévus ont lieu et débouchent sur une satellisation, 2018 pourrait avoir vu 115 à 116 tirs orbitaux, avec un taux de satellisation maximal de 98,28 %.

David L. a écrit:Confirmation : 1984 est la seule année sans aucun échec de satellisation.

On a pourtant l'impression que les deux courbes de ton graphique se touchent en plusieurs points... Effet de zoom ?

En tout cas, merci pour ce fabuleux travail.

nikolai39 a écrit:

David L. a écrit:Confirmation : 1984 est la seule année sans aucun échec de satellisation.

On a pourtant l'impression que les deux courbes de ton graphique se touchent en plusieurs points... Effet de zoom ?

En tout cas, merci pour ce fabuleux travail.

Merci.  ;)

Les courbes rouge et orange se touchent quand toutes les satellisations ont permis l'exploitation de la charge utile, donc quand elles ont été faites sur l'orbite visée ou sur une orbite anormale que la charge utile a pu compenser.

L'espace entre la courbe orange et la ligne horizontale du 100 % correspond au pourcentage des lancements qui ont conduit à la perte de la charge utile, satellisée ou non.

Pour certains lancements, par manque d'informations, il était parfois difficile de classer dans une catégorie ou l'autre. Il faudra que je revoie le classement année par année, en faisant le travail complet (lanceurs, pas de tir, charge utiles, orbites, missions, opérateurs, constructeurs, etc) que je n'ai encore fait que pour une poignée d'années.

Il y a de quoi s'occuper !  :D

montmein69 a écrit:
Donc quelques suggestions :
- pour des données uniques portant sur un bilan annuel, je pense que les histogrammes (les barres dont le sommet correspond au nombre) sont plus adaptés que les courbes en continu, c'est en effet plus lisible.
- Le tracé des graduations d'ordonnées par 5% facilite le repérage du nombre atteint. Dans le même ordre d'idée, placer un tracé (un trait un peu plus épais si c'est faisable ?) de repérage des décennies en abscisse pourrait aider à se repérer ?
- un rappel en légende du code des couleurs (placement en orbite et placement en orbite avec CU opérationnelle, si je ne me trompe pas) serait utile.

Au contraire, avec deux courbes un histogramme serait moins lisible.

La légende des deux courbes sera ajoutée sur la prochaine version.

Pour les décennies en abscisse, c'est une bonne idée mais je ne vois pas trop comment faire avec le tableur...

Le bilan de Nicolas pour l'activité russe en 2018 :