Thierz a écrit:D'un côté de la balance : SpaceX fait payer (modiquement) les compagnies qui profitent des vols Starkink pour lancer quelques satellites, donc il y a tout de même une source de revenu pour ces lancements.
Très juste.
Par ailleurs, s'agissant de l'excellent diagramme de David, il ne faut pas surinterpréter la proportion très forte de lancements dits "privés" (effectués par l'entreprise pour son propre compte) au 1er semestre 2020 : ces lancements privés ont fortement augmenté dans l'absolu, certes, mais la proportion de ceux-ci dans le total des lancements a été encore amplifiée par les retards de vols commerciaux et militaires engendrés par la crise sanitaire. Cet effet n'est que temporaire !
La maîtrise (on l'espère) croissante de l'impact de la crise sanitaire sur les activités économiques du secteur spatial devrait assez rapidement conduire à l'accomplissement des vols commerciaux et institutionnels en attente et donc à un meilleur équilibre entre les différents types de vols de SpaceX. Les scores de toutes les catégories de vols vont augmenter (à moyen terme, SpaceX réalisera deux lancements Starlink par mois), de telle sorte que la partie "privé" restera à 50%, mais bien entendu la multiplication des vols va apporter à SpaceX des économies d'échelle.
N'oublions pas que 2019 a été une mauvaise année : le nombre de vols réalisés a été en recul, tandis qu'aujourd'hui et encore plus au second semestre 2020, les coûts fixes de l'entreprise seront répartis sur un plus grand nombre de vols.
Je voudrais enfin souligner que s'il n'y avait pas eu un certain nombre de retards, fortement amplifiés par la crise Covid, 2020 aurait dû être l'année de l'explosion des lancements de micro et nano satellites par SpaceX.
@Thierz rappelle la présence de petits satellites commerciaux à côté des grappes de Starlink, mais j'ai souvenir que SpaceX, il y a un an, a défini un programme très ambitieux de lancements groupés de micro et nano satellites, dont le marché semblait en expansion rapide.
Je n'ai pas une idée très précise de ce programme, mais je pense qu'une fois le choc de la présente crise sanitaire passée, on pourra assister à un développement exponentiel de cette partie du marché. SpaceX n'est pas seule sur les rangs, mais elle aura sa part, d'autant que Rocket Lab, qui a un grand avenir, a conjoncturellement pris du retard avec l'échec de son 13ème vol. Quant aux multiples petites sociétés qui cherchent à émerger, elles finiront par prendre leur part de ce vaste et nouveau marché, mais en attendant, c'est avant tout SpaceX qui peut rafler la mise.
Ce qui tombe bien : SpaceX peut espérer "faire la jonction" en attendant le retour d'investissement sur Starlink. Quand, en 2022 peut-être, le Starship larguera des myriades de Starlink à chaque vol, SpaceX pourra éventuellement délaisser ce marché des micro et nano satellites et le laisser aux jeunes pousses. Sauf si sa stratégie est de continuer à faire des grappes mixtes Starlink / micro sat commerciaux avec le Starship. Ce qui d'ailleurs pourrait conduire à une saisine des autorités de concurrence, car en droit de la concurrence, je suis désolé pour SpaceX, ça ne passe pas bien. Ils doivent le savoir, à mon avis.
Mais on n'en est pas là ! Le Starship n'a même pas fait le saut de 150 mètres et c'est SpaceX qui sera en grand danger financier si ce programme dont les coûts vont croissant ne débouche pas rapidement.