Les robots martiens, après plus de 5 ans sur Mars, seront-ils bientôt mis à la retraite ?
http://bit.ly/22XtH8[1] S.W. Squyres
et al., Science, 324, 1058, 2009.
PLANÉTOLOGIE | 27.07.2009 | 15h00
Les robots martiens mĂ©ritent leur retraite Les derniers rĂ©sultats fournis par le robot martien Opportunity confirment la prĂ©sence d’eau liquide sur Mars. Bilan d’une mission qui joue les prolongations.
L’heure de la retraite a-t-elle sonnĂ© pour les robots martiens, Opportunity et Spirit ? Ă€ lire les derniers rĂ©sultats d’Opportunity sur le cratère Victoria, on peut se poser la question
[1] : les roches analysĂ©es ressemblent Ă celles dĂ©jĂ Ă©tudiĂ©es près de deux autres cratères, Eagle et Endurance. Elles portent les marques d’interactions chimiques avec de l’eau acide et d’une forte Ă©rosion par le vent. Rien de nouveau donc, si ce n’est la confirmation que l’eau liquide a existĂ© dans toute la rĂ©gion.
PosĂ©s sur le sol martien en janvier 2004 afin d’y rechercher les traces de la prĂ©sence d’eau liquide, Opportunity et son jumeau Spirit ont donc comblĂ© les espoirs des scientifiques. VoilĂ plus de cinq ans que les deux robots parcourent les environs de leur lieu d’atterrissage, alors que la mission devait durer Ă peine trois mois. L’un sillonnait la plaine
Meridiani planum, dans l’hĂ©misphère Nord, l’autre explorait le cratère Gusev, dans l’hĂ©misphère Sud. Les engins, montĂ©s sur six roues, Ă©quipĂ©s de sept instruments scientifiques et d’un bras tĂ©lescopique, devaient initialement parcourir environ un kilomètre chacun. Spirit a dĂ©jĂ roulĂ© pendant près de 8 kilomètres, et Opportunity, lui, en a franchi plus du double.
« Les deux Rover ont apportĂ© des donnĂ©es totalement inĂ©dites sur la gĂ©ologie martienne et ont confirmĂ© ce que nous ne faisions que suspecter par les missions spatiales, Ă savoir que Mars a bien abritĂ© de l’eau liquide », indique Nicolas Mangold, du laboratoire de planĂ©tologie et gĂ©odynamique de Nantes. Dans le lot des surprises rĂ©vĂ©lĂ©es par les robots, il y eut les « blueberries » (les « myrtilles »), de petites sphères d’un minĂ©ral appelĂ© hĂ©matite, qui ne se forme qu’en milieu aqueux ou par volcanisme. Or, les dernières analyses montrent qu’il s’agit bien de concrĂ©tions façonnĂ©es en prĂ©sence d’eau liquide souterraine.
Cinq ans de bons et loyaux services... N’est-il pas temps pour les deux robots de tirer leur rĂ©vĂ©rence ? Spirit, engluĂ© dans des sables mouvants, ne peut plus se dĂ©placer pour le moment. L’une de ses roues ne fonctionne plus mais il vient d’avoir un regain d’Ă©nergie, ses panneaux solaires ayant Ă©tĂ© dĂ©poussiĂ©rĂ©s par des vents violents. Opportunity, lui, est en route pour sa nouvelle destination, le cratère Endeavour, mais l’une de ses roues montre elle aussi des signes de faiblesse. Chaque annĂ©e supplĂ©mentaire d’activitĂ© coĂ»te Ă la NASA 20 millions de dollars (14 millions d’euros). «
Ce n’est pas grand-chose au regard du budget initial de la mission [400 millions de dollarsou 283 millions d’euros)]
et des résultats, estime Nicolas Mangold.
Certes, ceux d’Opportunity sont de moins en moins intĂ©ressants car il parcourt toujours la mĂŞme plaine. En revanche, il a fallu attendre deux ans pour que Spirit quitte les sols volcaniques peu passionnants du cratère Gusev et atteigne les collines Columbia, oĂą il a commencĂ© lui aussi Ă fournir des informations importantes. L’arrĂŞt d’une mission ne peut se faire qu’au cas par cas. » Pour l’instant, les deux robots en sursis poursuivent donc leur chemin, Ă condition qu’aucun dysfonctionnement majeur ne vienne porter le coup fatal Ă leur mission.
Fabrice Demarthon
http://www.larecherche.fr/content/Homepage/article.html?id=26000