La leçon de vocabulaire de tonton Aspic

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Lorsque j'ai débuté dans le secteur spatial il y a un quart de siècle, les gens du métier ont attiré mon attention sur la nécessité d'employer un vocabulaire approprié et d'éviter certains termes impropres. Voici quelques exemples qu'ils m'ont donné :

Fusée : cela désigne une fusée de feu d'artifice, destinée à exploser ce que l'on ne souhaite pas si elle transporte des satellites, c'est pourquoi on préfère alors utiliser le terme de lanceur. Le terme reste toutefois acceptable pour une fusée-sonde.

Pas de tir : c'est un terme d'artillerie qui peut être utilisé lorsqu'on tire un missile, mais on ne tire pas un lanceur, on le fait décoller depuis un ensemble de lancement ou un complexe de lancement (même si dans ce dernier cas on frôle l'anglicisme). Le site de lancement désigne pour sa part la base spatiale dans son ensemble. Si elle est de construction russe, on peut aussi la désigner sous le terme ravissant de « cosmodrome ». Comme me le signalait il y a une douzaine d'année un attaché de presse d'Arianespace (qui savait de quoi il parlait), cela nécessite de bien réfléchir à ses phrases car on a vite fait de « lancer des lanceurs depuis des sites de lancement ».

En orbite : voilà qui est géométriquement impossible, puisque l'orbite est une trajectoire théorique qui prend la forme d'une courbe. Il est donc fort difficile d'être à l'intérieur de celle-ci car elle est sans dimension. La formulation correcte est donc « sur orbite ».

Carburant : ça ne désigne bien souvent qu'un seul des deux composants (kérosène, hydrazine, hydrogène liquide, etc.) utilisés dans la propulsion, puisqu'un comburant est également nécessaire (oxygène liquide, peroxyde d'azote, etc.). Le terme générique est ergol.

Poudre : je ne crois pas que la poudre noire ait jamais eu la moindre application spatiale. On parlera donc plutôt de propergol solide (ou lithergol pour les plus pédants). De plus celui-ci tient davantage de la résine caoutchouteuse que d'un quelconque granulat.

Booster : oh le vilain mot anglais qui n'a rien à faire dans une phrase française ! Il existe pourtant un mot tout à fait adapté dans notre belle langue : accélérateur. On ne pourra parler d'accélérateur d'appoint que si, comme la formulation l'indique, il ne fournit pas l'essentiel de la poussée au décollage, ce qui n'est pas le cas des EAPs d'Ariane 5 ou des 4 étages-carottes du Soyouz.

Engin : on ne le voit plus que très rarement, mais il désigne un système militaire et plus particulièrement un missile. On évitera donc de parler d'un engin spatial pour tout objet à vocation non offensive.

Navette : traduction abusive du terme anglais « spacecraft » dans certains dictionnaires bilingues courants mais néanmoins de mauvaise qualité. Le terme « navette » nous vient des métiers à tisser et désigne exclusivement un véhicule qui effectue des va-et-vient, donc, dans le domaine spatial des allers-retours successifs. On ne peut donc pas parler de « navette Soyouz » comme on le lit encore trop souvent dans une certaine presse à la rédaction approximative. On notera qu'il n'existe pas en français de terme générique équivalent à « spacecraft » que l'on traduira donc selon le contexte par « satellite », « sonde », « vaisseau » voire « station ».

Arrimage et amarrage : ici les plus lettrés d'entre nous se rapportent aux termes de marine et estiment qu'il faut proscrire le premier au profit du second. Je pense qu'ils devraient ressortir leur dictionnaire. L'amarrage indique que le véhicule est accroché au port par son amarre. L'arrimage signifie que l'objet est solidement accroché au véhicule et maintenu en place afin de ne pas bouger. Lorsqu'un vaisseau vient au contact d'une station (assimilable à un port), il passe généralement par deux phases. La première est la création d'une liaison souple ou mobile avec la station (capture de la sonde pour un Soyouz, un Progress, ou un ATV, capture par un bras robotique pour l'HTV), que l'on peut assimiler à un amarrage. Vient ensuite la création d'une liaison solide par laquelle le véhicule devient temporairement partie intégrante de la station, que l'on peut assimiler à un arrimage. Toutefois, il s'agit ici d'un avis personnel qui n'a pas encore été validé par l'Académie.

Senseur : encore un vilain anglicisme. En français, c'est un capteur.

Voilà, ce sera tout pour aujourd'hui, vous pouvez ranger vos cartables et sortir en rang.
Aspic
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Très bonne initiative, merci!
;) Super
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Merci Aspic, c'est une très bonne initiative que de rappeler ces quelques bases !
J'ai toutefois quelques questions et remarques :

Aspic a écrit:Pas de tir : c'est un terme d'artillerie qui peut être utilisé lorsqu'on tire un missile, mais on ne tire pas un lanceur

Oui, tu as totalement raison. Mais pour éviter les phrases trop tarabiscotées, j'utilise quand même souvent l'expression "pas de tir"... :oops:

Aspic a écrit:En orbite : voilà qui est géométriquement impossible, puisque l'orbite est une trajectoire théorique qui prend la forme d'une courbe. Il est donc fort difficile d'être à l'intérieur de celle-ci car elle est sans dimension. La formulation correcte est donc « sur orbite ».

Mais es-tu sûr que dire "en orbite" sous-entend qu'on est à l'intérieur ? Je me trompe peut-être (surement ?), mais j'ai l'impression que "en" et "sur", dans ce contexte, signifient exactement la même chose...

Aspic a écrit:Poudre : je ne crois pas que la poudre noire ait jamais eu la moindre application spatiale. On parlera donc plutôt de propergol solide (ou lithergol pour les plus pédants). De plus celui-ci tient davantage de la résine caoutchouteuse que d'un quelconque granulat.

Là aussi tu as raison, mais pourtant le trigramme EAP signifie très officiellement "Etage d'Accélération à Poudre" ! Tu devrais faire suivre ta remarque à la DLA... :D

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Merci Aspic pour cet intéressant lexique !

Aspic a écrit:On ne peut donc pas parler de « navette Soyouz » comme on le lit encore trop souvent dans une certaine presse à la rédaction approximative.

Est ce que "capsule spatiale" est également considéré comme un anglicisme? On le retrouve parfois également, et il me semble que ça correspond bien à ce que sont Soyouz, Mercury, etc
Qu'en pensez vous?
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Eyp

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Très bien, merci !
Je m'interroge sur le "en orbite", c'est tellement commun de le dire, "le satellite est en orbite géostationnaire" par exemple.
En plus, "sur orbite" ne me parait pas bien meilleur du fait qu'on n'est pas vraiment "sur" la courbe désignée par l'orbite, comme serait un triangle posé sur une droite.
Le lien entre un objet 3D et un objet 1D est difficile à exprimer avec des mots simples, donc forcément, il est facile de critiquer ...
Et je n'ai rien à proposer ...
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Aspic a écrit:
Fusée : cela désigne une fusée de feu d'artifice, destinée à exploser ce que l'on ne souhaite pas si elle transporte des satellites, c'est pourquoi on préfère alors utiliser le terme de lanceur. Le terme reste toutefois acceptable pour une fusée-sonde.

Pourtant le Larousse donne comme définition:
"En aéronautique et en astronautique, véhicule mû par un moteur anaérobie à réaction"
Donc je trouve que ça reste correcte, meme si effectivement on utilise de plus en plus le terme plus moderne de lanceur. Fusée commence à faire un peu trop vieillot et bricolage.

Pas de tir : c'est un terme d'artillerie qui peut être utilisé lorsqu'on tire un missile, mais on ne tire pas un lanceur, on le fait décoller depuis un ensemble de lancement ou un complexe de lancement (même si dans ce dernier cas on frôle l'anglicisme).
Tu sais l'astronautique a ses origines dans l'armée et notamment les missiles. Donc je ne suis pas surpris que certains terme reste. Un pas de tir désigne à mon sens l'endroit où s'effectue l'allumage de l'engin.

En orbite : voilà qui est géométriquement impossible, puisque l'orbite est une trajectoire théorique qui prend la forme d'une courbe. Il est donc fort difficile d'être à l'intérieur de celle-ci car elle est sans dimension. La formulation correcte est donc « sur orbite ».

Là aussi je suis sceptique. L'orbite est en fait une trajectoire circulaire définie par divers paramètres de géométrie. Si on considère que cette trajectoire est une sorte de tunnel ou couloir dans lequel on souhaite que le vaisseau évolue, alors oui on peut dire En orbite.
En aviation on dit bien qu'un avion vole dans un couloir aérien, il est bien dedans, et bieu là c'est pareil mais le couloir fait le tour de la terre et est plus haut.
Personnellement j'utilise aussi bien l'un que l'autre sans gene.

Booster : oh le vilain mot anglais qui n'a rien à faire dans une phrase française ! Il existe pourtant un mot tout à fait adapté dans notre belle langue : accélérateur. On ne pourra parler d'accélérateur d'appoint que si, comme la formulation l'indique, il ne fournit pas l'essentiel de la poussée au décollage, ce qui n'est pas le cas des EAPs d'Ariane 5 ou des 4 étages-carottes du Soyouz.

Pas d'accord, le terme accélérateur ne désigne pas forcément la poudre. Par exemple une Ariane 44L avait 4 accélérateurs liquide.
Il faut donc parler d'accélérateur à poudre. En fait si on utilise Booster c'est parceque la langue française ne semble pas avoir trouvé un seul mot pour cela.

Engin : on ne le voit plus que très rarement, mais il désigne un système militaire et plus particulièrement un missile. On évitera donc de parler d'un engin spatial pour tout objet à vocation non offensive.
Faux Engin ne désigne pas sépcialement un système militaire. Voir le Larousse encore une fois. Il désigne tout simplement un véhicule, un appareil, un outil ou un instrument destiné à un usage précis d'après la langue française

Navette : traduction abusive du terme anglais « spacecraft » dans certains dictionnaires bilingues courants mais néanmoins de mauvaise qualité. Le terme « navette » nous vient des métiers à tisser et désigne exclusivement un véhicule qui effectue des va-et-vient, donc, dans le domaine spatial des allers-retours successifs. On ne peut donc pas parler de « navette Soyouz » comme on le lit encore trop souvent dans une certaine presse à la rédaction approximative. On notera qu'il n'existe pas en français de terme générique équivalent à « spacecraft » que l'on traduira donc selon le contexte par « satellite », « sonde », « vaisseau » voire « station ».
Archi faux. Spacecraft se traduit par vaisseau spatial.
Certe on ne parle pas de navette pour une capsule qui ne fait qu'un aller-retour, jene me souviens pas avoir vu ce terme employé pour cela. Navette désigne un engin qui fait des aller-retour et donc réutilisable, une sorte de trajet régulier qu'ne anglais on traduit plutot par "Commuting". La navette spatiale est à ce jour la seule à pouvoir être appelé ainsi dans le domaine spatiale car elle est réutilisable.

Senseur : encore un vilain anglicisme. En français, c'est un capteur.

Je n'ai jamais vu ce mot utilisé dan sun texte français
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Mustard a écrit:
Senseur : encore un vilain anglicisme. En français, c'est un capteur.
Je n'ai jamais vu ce mot utilisé dan sun texte français

Vraiment ?? Moi je le vois tout le temps, et pas que dans le spatial ! Et à chaque fois ça me fait bondir... :D

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Comme je l'ai dit, ce sont des réflexions qui m'ont été faites et des explications qui m'ont été données dans mes jeunes années par des « vieux de la vieille » du spatial. Et vous pouvez me croire, ils n'aimaient guère que l'on traite leur lanceur de « fusée » ! ;)

Les professionnels du spatial avaient alors un vocabulaire bien plus précis et spécifique (on peut s'en moquer en traitant ça de « jargon ») que nombre de leurs successeurs actuels, qui sont bien trop souvent envahis par le franglais et son imprécision intrinsèque.

Je tenais ici à assurer la pérennité de ces réflexions, mais je n'oblige personne à parler correctement.

En tant que journaliste spécialisé depuis 25 ans (avec une formation scientifique et littéraire), je pratique un métier qui s'intéresse aussi bien au spatial qu'à la langue, c'est pourquoi j'ai la faiblesse de m'estimer bien placé pour en parler.

Par ailleurs, comme nous parlons ici de langage corporatiste (ou de « jargon »), il est normal que le petit Larousse, qui ne s'intéresse qu'au langage commun, ne fasse pas les distinctions qui s'appliquent à notre métier.

A l'origine, le terme « engin » n'a aucune connotation belliqueuse, mais dans les années 60 il a été accaparé par les militaires (notamment à la SEREB) ce qui lui a valu d'être déconsidéré par les gens du spatial (notamment au CNES). On imagine mal aujourd'hui l'hostilité qui pouvait exister entre ces deux mondes alors que l'histoire officielle les présente travaillant la main dans la main pour la plus grande réussite du programme Diamant. Je suggère à ceux qui en ont l'occasion d'aller demander au Pr. Blamont de leur raconter les dessous de l'époque héroïque. C'est particulièrement croustillant, surtout quand c'est lui raconte !

Est ce que "capsule spatiale" est également
considéré comme un anglicisme? On le retrouve parfois également, et il
me semble que ça correspond bien à ce que sont Soyouz, Mercury, etc.

J'avoue ne pas avoir eu trop l'occasion de me poser la question, car c'est un terme qui n'a jamais été appliqué à un programme français. Il est toutefois accepté par le Dictionnaire de Spatiologie de 1992.

L'orbite est en fait une trajectoire circulaire définie par divers paramètres de géométrie.
En fait non, c'est une conique évolutive, mais je chipote (j'ai été prof de maths et de physique, il m'en reste des traces).

Si on considère que cette trajectoire est une sorte de tunnel ou couloir dans lequel on souhaite que le vaisseau évolue, alors oui on peut dire En orbite.

Oui, mais une orbite n'est pas un couloir, c'est justement là que se situe la nuance. Un couloir aérien est défini par un plancher et un plafond et par une distance à un axe. Une trajectoire est un lieu géométrique qui se présente comme une ligne courbe sans dimension.

Souviens toi de tes cours de géométrie. Un point n'est jamais dans une droite, il est dessus.

Personnellement j'utilise aussi bien l'un que l'autre sans gene.

Grand bien te fasse, je n'oblige personne.

Pas d'accord, le terme accélérateur ne désigne pas forcément la poudre.

Relis-moi, je n'ai jamais dit que c'était le cas.

En fait si on utilise Booster c'est parceque la langue française ne semble pas avoir trouvé un seul mot pour cela.

« To boost » signifie « accélérer », donc un booster est un accélérateur. CQFD !

Archi faux. Spacecraft se traduit par vaisseau spatial.

Archi archi faux : vaisseau spatial c'est « spaceship ». Un satellite ou une sonde sont des « spacecraft » (pas de s au pluriel) et en aucun cas des vaisseaux (incidemment je suis aussi traducteur spécialisé à mes heures perdues).


Dernière édition par Aspic le Mar 8 Nov 2011 - 21:58, édité 1 fois
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J'oubliais : pour les anciens du spatial, « artilleur » est une insulte. ;)
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Aspic a écrit:
Archi faux. Spacecraft se traduit par vaisseau spatial.

Archi archi faux : vaisseau spatial c'est « spaceship ». Un satellite ou une sonde sont des « spacecraft » (pas de s au pluriel) et en aucun cas des vaisseaux (incidemment je suis aussi traducteur spécialisé à mes heures perdues).

Juste pour aporter mon point de vue a ce sujet. Pour moi, Vaisseau Spatial se traduirait plutot par Spaceship (qu'on pourait aussi traduire par Navire spatial , l'idée, c'est que c'est habité)

Tendi que Spacecraft, c'est plutot engin spatial , d'apres mon point de vue. Dans mon dico larousse, il est dit que craft se traduit par embarcation ou barque. L'idée pour ce terme est alors plutot de désigné un objet quelquonque (sattelite par exemple), pas forcément habité, mais il se peut aussi qu'il le soit quand meme !

Enfin moi, c'est comme ca que je voit la chose. En lisant toute les news en anglais, je constate que spacecraft n'est pas souvent uitilisé pour parler de vaisseau habité. Je voit frequement spaceship . (regarder par exemple, spaceSHIPone...)

Apres, c'est vrai quand je lit des nouvelles sur orion, il est aussi dit "orion spacecraft" ce qui , d'apres ce que j'en comprend, pour le designer, n'est pas faut pour autant.

Bon, apres, c'est sur, je suis toujour un peu larger en anglais.
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Aspic a écrit:Oui, mais une orbite n'est pas un couloir, c'est justement là que se situe la nuance. Un couloir aérien est défini par un plancher et un plafond et par une distance à un axe. Une trajectoire est un lieu géométrique qui se présente comme une ligne courbe sans dimension.

Souviens toi de tes cours de géométrie. Un point n'est jamais dans une droite, il est dessus.
Oui, mais comme je l'écrivais plus haut, comme un satellite n'est pas un point mais un objet 3D, il ne peut pas être "sur" la trajectoire. On pourrait éventuellement dire que le centre d'inertie de l'objet est sur l'orbite, mais pas l'objet tout entier. De plus, alors qu'on se promène "sur le chemin", on peut également dire qu'on est "en chemin", de même, on marche sur la route et on peut être "en route", avec une petite différence sémantique. En effet, il n'y a plus l'article défini "le" ce qui rend le chemin ou la route moins bien défini, plus abstrait, avec un degré de liberté supplémentaire qui permet de considérer un ensemble de possibilités. Par conséquent, en disant qu'un objet est "en orbite", on abstrait la trajectoire à un ensemble de trajectoires et le concept me semble devenir cohérent (et différent de "sur orbite").

Bonne soirée,
Argyre
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Les termes "ergol" et "propergol" sont aussi impropres que "carburant" lorsqu'il s'agit de propulsion électrique (pas de réaction chimique).
On lit pourtant assez souvent que "Smart-1 a consommé 60 kg de carburant", ou même "propergol".

Les anglo-saxons utilisent "propellant", ce qui est plus général, car celà implique uniquement la propulsion par réaction en éjectant un gaz, quelle que soit la méthode de chauffage.
Je traduis habituellement par "propulsif", mais je ne sais pas si c'est très officiel.
Surtout que même dans des articles de la SNECMA, les auteurs parlent d'"ergol" :
http://www.snecma.com/snecma-moteurs-pps-r-1350-plasma.html
Alors que le xénon n'est pas un ergol (et ne peut pas l'être, c'est un élément chimiquement inerte).
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C'est vrai qu'un ergol fournit un travail énergétique ce qui n'est pas le cas du xénon, ni de l'azote pour les propulseurs à gaz froid.

@Argyre : si un point sans dimension ne parvient pas à être à l'intérieur d'une droite, je ne vois pas en quoi un objet en 3D y parviendrait mieux. On n'est pas plus en orbite que dans une trajectoire, on est dessus.

Avec une peu de poésie, on pourrait dire qu'un satellite est sur une orbite comme une note est sur une portée, c'est la « musique des sphères ». :roll:
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Bien noté professeur. Très intéressante leçon, quand sera la prochaine ?
Moi à l'inverse de tous les chipoteurs, :blbl: je suis d'accord avec tout ce qui vous avez dit, et moins d'accord plusieurs des remarques/objections qui suivent. Mais je ne peux pas développer, je dois partir au boulot !
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Aspic a écrit:C'est vrai qu'un ergol fournit un travail énergétique ce qui n'est pas le cas du xénon, ni de l'azote pour les propulseurs à gaz froid.

@Argyre : si un point sans dimension ne parvient pas à être à l'intérieur d'une droite, je ne vois pas en quoi un objet en 3D y parviendrait mieux.
Oui, c'est aussi ce que j'ai dit dans mon premier post. Mais tu ne réponds pas aux remarques de mon 2ème post, que je me permets de nuancer, car pas tout à fait juste après réflexion. D'abord, il faut être logique, si tu contestes "être en orbite", tu dois également contester "être en chemin" ou "être en route". Mais là, on remet en cause des subtilités de la langue française. Je pense que ton erreur est de restreindre le "en" à une relation d'inclusion, ce qui n'est pas toujours le cas. Le "en" est parfois suivi d'un participe présent comme par exemple dans "en avançant" ou "en chantant". Dans ce cas, il indique un lien avec une manière de faire, une action, sans aucun rapport avec l'inclusion. "En chemin" ne signifie pas qu'on est dans le chemin (même problème que pour orbite), cela signifie plutôt qu'on est en train d'avancer sur le chemin. Je persiste donc en disant qu'"être en orbite" ne signifie pas être dans l'orbite, mais être en train d'avancer sur une orbite. Et donc qu'"être en orbite" est une expression tout à fait valable, au moins aussi valable qu'"en chemin" ou "en route".

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L'expression "le satellite parcourt l'orbite GEO" suivi des paramètres ..... léverait (peut-être ???) le trouble sémantique qui agite ce FIL La leçon de vocabulaire de tonton Aspic 45200
Mais ce serait trop long .... et on sait que parfois .... les journalistes vont au plus court .... si le nombre de caractères qui leur est attribué limite leur copie La leçon de vocabulaire de tonton Aspic Blbl

Transmettons le problème à messieurs les académiciens, tenant de la pureté du langage ..... nous aurons la réponse dans .... une petite centaine d'années La leçon de vocabulaire de tonton Aspic Wall
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Argyre, tu y mets de la mauvaise foi. Où as-tu vu qu'un chemin ou une route n'avaient pas de dimension ? Si c'était le cas on ferait bien des économies de macadam ! :roll:

Sinon, c'est vrai que l'on doit pouvoir dire : « en orbitant, je progresse le long de mon orbite en orbiteur ». ;)

Toutefois, j'avoue préférer le terme « graviter » à l'anglicisme « orbiter ».

Quant au mot « orbiteur », c'est moche, mais contrairement au « booster », je ne crois pas qu'on ait trouvé mieux en français.

Une orbite, une trajectoire, tout comme un axe de rotation, un méridien, une ligne de champ ou que sais-je encore sont des lignes théoriques sans épaisseur ni intérieur dans lesquels on pourrait se faufiler.

Je suis d'accord avec vous, « en orbite » ça vient facilement dans la bouche (je me suis moi-même repris dans un article que j'écrivais tout à l'heure) mais ça reste géométriquement incorrect. Je ne l'invente pas, je me contente de le constater.
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Tant que j'y pense, une erreur courante (probablement due à un faux ami en anglais) :

La télémétrie c'est l'art de mesurer les distances avec un télémètre.

Les mesures effectuées à bord d'un lanceur ou d'un satellite et que l'on reçoit à distance, ce sont des télémesures.

Vous pouvez me jeter des tomates.
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Aspic a écrit:Les professionnels du spatial avaient alors un vocabulaire bien plus
précis et spécifique (on peut s'en moquer en traitant ça de « jargon »)
que nombre de leurs successeurs actuels, qui sont bien trop souvent
envahis par le franglais et son imprécision intrinsèque.
Aspic a écrit:Vous pouvez me jeter des tomates.
Non, je te rejoins tout à fait sur le fond et sur la démarche La leçon de vocabulaire de tonton Aspic Super, même si je suis pas complètement d'accord avec certains points cités. Mais c'est normal: chacune de ces questions de vocabulaire est complexe, donc potentiellement porteuse de polémique: tu es très téméraire d'en "lâcher" dix à la fois sur le forum ! ;)
En plus, comme tu le rappelles justement, ces questions ne touchent pas qu'à la définition brute et brève qu'on peut trouver dans un dictionnaire générique, mais aussi au contexte, à l'histoire et à l'évolution des usages. Sans parler des mauvaises traductions qui se propagent à la vitesse de l'éclair sur internet avec les dépêches de presse. :roll:
Après, dans tous les points que tu cites, le seuil de tolérance/interdit n'est peut-être pas à placer au même niveau tout le temps. Perso, je ne trouve pas qu' "en orbite" soit illégitime dans tous les cas: dans un certain contexte, est-ce que ça ne ressemble pas à "en altitude" ?
CosmoS
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Skyboy a écrit:Bien noté professeur. Très intéressante leçon, quand sera la prochaine ?
Moi à l'inverse de tous les chipoteurs, La leçon de vocabulaire de tonton Aspic Blbl je suis d'accord avec tout ce qui vous avez dit, et moins d'accord plusieurs des remarques/objections qui suivent. Mais je ne peux pas développer, je dois partir au boulot !
Ouh le fayot !!! 👅

CosmoS a écrit:

... Perso, je ne trouve pas qu' "en orbite" soit illégitime dans tous les cas: dans un certain contexte, est-ce que ça ne ressemble pas à "en altitude" ?
Allez, pour ajouter ma petite touche à la confusion : en anglais, il me semble qu'on dit "in orbit".
Voir par exemple tous ces articles où il est question de Phobos Grunt coincée "in low Earth orbit"
Est-ce que "en orbite" ne serait pas un anglicisme ?
lambda0
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lambda0 a écrit:Allez, pour ajouter ma petite touche à la confusion : en anglais, il me semble qu'on dit "in orbit".
Voir par exemple tous ces articles où il est question de Phobos Grunt coincée "in low Earth orbit"
Est-ce que "en orbite" ne serait pas un anglicisme ?
J'espère que non: dans un journal TV des Nuls, il y avait cette brève (lue en décomposant les syllabes du dernier mot): "Les astronautes n'aimaient pas la couleur de leur station: ils ont décidé de la repeindre en orbite". Si on dit "sur", ça perd tout son sens. 🤡 OK, je sors.
Pour l'anglicisme, je ne sais pas ...
Ils disent aussi "in altitude" et "on orbit", par exemple dans "On Orbit Servicing".
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Dans mes textes en anglais, je me force également à écrire « on orbit », mais ça ne vient pas tout seul.

Tout dépend ensuite de savoir si l'on veut pratiquer une langue hypernormée ou hyponormée, c'est à dire plus « détendue ».

Hors du domaine spatial, certaines nuances ont été oubliées. Qui se souvient que normalement « second » implique qu'il s'agit du dernier alors que « deuxième » implique qu'il existe un troisième ?

Si je mentionne ces précisions lexicales ici, ce n'est pas dans le but de les imposer (on est assez imposés comme ça) mais pour l'information de ceux qui seraient intéressés à pratiquer la langue dans toute sa subtilité sémantique.
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Allez, pour sourire et pour rebondir sur ce que tu disais sur le caractère désuet de certains termes: ne faut-il pas faire des progrès en astrionique pour qu'un astronef à autopropulseur à lithergol puisse rejoindre l'orbite de Clarke ? ;)
CosmoS
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C'est une très bonne initiative Aspic d'avoir ouvert ce sujet à propos du vocabulaire du spatial sur notre forum . L'important n'est pas que nous soyons toujours d'accord sur tout - ce qui serait de l'utopie, mais que la réflexion soit ouverte . C'est un sujet surtout à ne pas refermer car toute langue évolue en permanence pour le meilleur ...ou le pire !
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Giwa
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CosmoS a écrit:Allez, pour sourire et pour rebondir sur ce que tu disais sur le caractère désuet de certains termes: ne faut-il pas faire des progrès en astrionique pour qu'un astronef à autopropulseur à lithergol puisse rejoindre l'orbite de Clarke ? ;)

On rappellera que la première fusée française (oui, ici on peut dire fusée), la EA-41, avait été développée « en perruque » sous l'occupation à l'insu des Allemands en tant que « dispositif gazogène » ce qui était une description rigoureusement exacte !
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