Lunarjojo Ven 27 Aoû 2010 - 10:23
Yantar a écrit:
Et je suis tout aussi sérieux en disant que dans quelques décennies l'envoi de l'homme dans l'espace, l'exploitation de la Lune et d'autres astres plus proches ne sera pas du domaine gouvernemental mais du domaine privé. Je ne parle pas de 2020 ni meme de 2100. Mais ça arrivera. Pourquoi? Parce qu'on est au tout début, tout début début début de l'ère spatiale et qu'un bon nombre d'entre nous finira par quitter la Terre et aller vivre ailleurs. Il ne faut pas croire qu'il n'y aura que les agences spatiales avec leurs programmes spatiaux aux coûts colossaux qui installeront des instruments scientifiques sur la Lune pour voir s'il y a des séismes. Des privés installeront des habitations où des touristes fortunés pourront y passer des vacances. Ce n'est certainement pas la Nasa qui ira gérer la classe touriste du vol habité. Ce sera des privés. Il faudra que ce soit rentable. Et pour que ce soit rentable, il faudra que ça coûte beaucoup moins cher et que les voyages se fassent de manière régulière.
Dans le domaine des vols habités, on en est à l'époque des frères Wright. Et je trouve ça excitant de voir toute l'ingéniosité qui va être mise à l'oeuvre pour rendre le vol spatial habité moins cher et surtout rentable.
ça, c'est de l'optimisme ou je m'y connais pas
Plus sérieusement, ta déclaration souffre du même défaut que toutes les études portant sur l'avenir lointain, à savoir qu'elle décrit un avenir comme étant une continuation des évolutions du passé. Or, il suffit de relire les anciennes études (je citerais par exemple "Les 100 prochaines années" de Nicolas Booth (1992) ou "Demain, la Terre" réflexions d'astronautes, de scientifiques et de responsables de la Nasa (1977) -tiens, il faut que je songe à le mettre sur le fil littérature celui-là- sans compter les essais ou les auteurs se sont essayés à prédire la suite de l'exploration spatiale) pour s'apercevoir que les prédictions de ces doctes savants ou auteurs se sont généralement "crashées" comme il faut.
Le problème est avant tout que toute l'évolution de la conquête spatiale est généralement évoquée par les acteurs de cette industrie. Rare sont les essais fait par des personnes extérieures, surtout non techniciennes. Les journalistes écrivant sur le spatial ont une culture scientifique et parlent le même langage que les techniciens (il n'y a qu'à regarder le traitement journalistique à l'époque des débuts de la navette spatiale: pas un seul son discordant). Or, la conquête spatiale n'est pas un problème technique, mais politique. Elle s'insère dans le fonctionnement de la société, et se doit d'être en harmonie avec les attentes des membres de cette société. Et prolonger les courbes du passé sans tenir compte du contexte politique est le meilleur moyen de se tromper. Rappelez-vous que pendant le programme Apollo, on voyait les bases lunaires dans 20 ans, et très peu de personnes surent lire à travers les lignes et comprendre que dés Apollo11, le jeu était fini ( seuls quelques journalistes l'avaient prédit: on peut citer François de Closets dans "La Lune est à vendre-1969").
La question devient donc: qu'elle seront les demandes des sociétés dans les années qui viennent? C'est un exercice très périlleux, mais pour ma part, je vois 2 problèmes qui vont heurter de plein fouet le fonctionnement des sociétés actuelles: le problème environnemental (y compris le réchauffement climatique) et la diminution des ressources (énergétiques, minérales ou alimentaires). La phase aigüe de ces "bombes à retardement" est devant nous, et elle percutera la société à tel point que les leçons de l'histoire risque de nous être de peu de secours. Or, en 50 ans, dans une période relativement calme et féconde de notre civilisation, nous avons à peine été jusqu'à la Lune, pour en revenir aussitôt. Qu'en sera t-il dans un monde plein de tensions?
Cordialement