Aspic a écrit:Pour mesurer l'éparpillement, il ne faut pas se limiter aux contractants de premier niveau.
Certes, le Vulcain 2 est intégré à Vernon, mais ses sous-ensembles viennent de France, d'Allemagne, d'Italie, de Suisse, de Suède et de Belgique, et à l'intérieur de ceux-ci les composants viennent aussi d'autres pays (Pays-Bas, Irlande...), parfois en faisant des aller-retours.
Dans les EAP, seule l'intégration finale et la tuyère sont véritablement françaises, la structure est allemande et les systèmes sont belges, norvégiens, espagnols ou autres. Le propergol est franco-italien et coulé en Guyane.
Comme le marché commercial n'est qu'un marché d'appoint, il faut se poser la vraie question : combien vaut l'accès indépendant à l'Espace ?
Pour le maîtriser, vaut-il mieux un lanceur subventionné qui reste compétitif et peut donc être lancé souvent (ce qui garantit la fiabilité et la disponibilité) ou un lanceur très cher, dont on assume seul le coût et qui n'est lancé qu'une ou deux fois par an (avec un taux de fiabilité et de disponibilité en dégringolade) ?
A vos calculettes : je paie l'équivalent de trois lancements par an pour lancer deux charges utiles à moi avec un lanceur bien rôdé, ou je paie le prix de quatre lancements pour ce même service avec un lanceur dont je suis le seul client et dont les équipes se tournent les pouces les 3/4 du temps ?
On se souvient de lanceurs Titan 4 qui restaient parfois jusqu'à 400 jours sur le pas de tir avant d'être prêts à lancer (et quelque fois à péter très spectaculairement), on voit combien le repli institutionnel des EELV, au lieu de faire baisser le coût d'exploitation, l'a quasiment doublé.
L'Atlas et le Delta vivotent malgré l'énorme marché du Pentagone, le Japon a vaguement réussi à maintenir son outil sans marché commercial (je ne compte pas la Chine qui vit dans un univers économique parallèle), mais à quel prix ! En Europe, ça ne passerait pas et on se retrouverait vite à faire du stop pour faire voler nos satellites comme on le fait aujourd'hui pour nos astronautes.
Je crois qu'il faut se mefier des comparaisons historiques:
- Titan 4 a ete une bouée de secours apres l'arrêt des vols de navette, puis leur limitation. Ce n'etais pas un lanceur adapté. D'ou les echecs et l'argent que cela a couté
- Atlas et delta sont des lanceurs tres reussis techniquements, tres aboutis. mais le choix initial a ete d'avoir 2 lanceurs, pour ne jamais dependre d'un seul et etre cloué au sol en cas d'achec. Cela maintient donc des couts eleves.
- avec l'arrivée de Falcon 9, je pense que cela va changer et que ULA va devoir choisir 1 lanceur et abandonner le second, cela fera baisser les couts en ayant une cadence plus elevee et en eliminant tous les doublons
Ensuite, on peut avoir un lanceur subventionné mais qui ne coute pas trop cher. Ce n'est pas contradictoire
- par exemple, je crois me souvenir que le developpement d'ariane 1 a 4 a couté mois de 10 Milliards de FF
- en revanche, AR5 aurait couté plus de 60 milliards de FF (plus de 12 Milliards d'Euros !)
Le CNES et Astrium ont voulu un lanceur compliqué, faisant tout (navette hermes etc..) L'argent etait là, il fallait le dépenser !
C'est donc dans le design, la conception initiale qu'est le péché originel: Ariane 5, surtout la version Esca (le 2ieme etage est un nons ens technique et economique..), est un lanceur cher a produire, cher a lancer, et compliqué: on ne peut plus rien n'y faire.
AR5ME ne changera rien (ou si, cela risque d'être encore plus cher..)
Le développement d'Ariane 6 devra etre fait sur des bases plus saines, malheureusement cela n'en prend pas le chemin: on parle d'un premier etage à poudre. Pourquoi la France veut un 1er etage à poudre ? moi j'ai entendu dire que c'etait "juste" pour garder la compétence des gros propulseurs style M51. économiquement pour Ariane 6 c'est pas super, ni techniquement, mais on veut occuper les equipe des missiles à poudre maintenant que le M51 est fini d'être developpé.
Voila un exemple: on pollue le spatial civil par des probleme non techniques et on va encore se retrouver avec une usine a gaz (intersiderale..) chère a produire, chère a développer et qui sera un puit sans fond de subventions