Dirk De Winne Mer 23 Aoû 2006 - 12:52
PRAGUE (AFP) - La communauté astronomique s'est divisée mardi sur une nouvelle définition des planètes proposée par l'exécutif de l'Union astronomique internationale, qui aurait conduit à revoir de neuf à douze le nombre de planètes composant le Système solaire.
Au terme d'âpres discussions, les participants au 26e congrès de l'UAI à Prague ne sont pas parvenus au consensus espéré, même si un rapprochement des positions des uns et des autres était perceptible en fin de journée.
Rejetée en matinée en séance plénière, une nouvelle mouture de la désormais fameuse résolution n° 5 a été profondément remaniée. Définissant désormais une planète comme un corps céleste rond, dominant son environnement immédiat et orbitant autour du Soleil, le texte semblait désormais plus acceptable.
Deux autres motions, qui voulaient clarifier des points très critiqués - le statut de Pluton et l'existence de planètes doubles - ont été repoussées de manière écrasante en séance plénière. La seconde a été purement abandonnée.
L'UAI avait provoqué un intense intérêt médiatique la semaine dernière en proposant d'ajouter trois petites nouvelles - Cérès, Charon et 2003 UB313 (provisoirement baptisée "Xena") - aux neuf planètes "classiques" que connaissent tous les collégiens: Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton.
"Les tentatives pour trouver une définition physique de ce qu'est une planète sont vouées à l'échec. Ce que le public veut simplement savoir, c'est quelles sont ces planètes", a critiqué Günther Hasinger (MPE Garching).
Une fraction des astronomes présents à Prague souhaitent réserver la qualité de planète aux huit premières découvertes, en déclassant Pluton, qui s'est révélé bien plus petit (encore plus que la Lune) qu'on ne le pensait initialement. D'autant que Pluton est très différent des autres planètes, avec son orbite très longue et très excentrique autour du Soleil.
Plusieurs intervenants ont estimé que le débat pouvait bien attendre trois années supplémentaires, jusqu'au prochain congrès triennal de l'UAI.
"C'est non seulement prématuré, mais même dangereux pour la science de changer la nomenclature à l'heure actuelle", a fait valoir, vivement applaudi, Jean-Claude Pecker, du Collège de France.
D'autres ont regretté que la définition de ce qu'est une planète ne s'applique qu'au seul système solaire. On a pourtant déjà découvert près de deux cents corps gravitant autour d'étoiles autres que notre Soleil. Peut-on alors parler de planètes ?
Une conséquence inattendue des efforts de l'UAI pour parvenir à un consensus pourrait être de ramener le "Big Bang" annoncé du système solaire (passage de 9 à 12 planètes) à sa réduction à... 8 planètes. Dans l'état actuel des discussions, Cérès, Pluton et UB313 ne seraient que des planètes naines, alors que Charon conserverait son statut actuel de lune de Pluton.
"Mais les travaux sont en cours et il est prématuré de spéculer sur ce que pourra être la motion finale", a mis en garde Lars Lindberg Christensen, le responsable de la communication de l'UAI.
Le débat avait été suscité par la découverte en 2003 d'un corps jusqu'alors inconnu, UB313, dans les confins du système solaire. Du fait de sa taille comparable ou supérieure à celle de Pluton, pouvait-il prétendre au statut de planète ? D'autant que d'autres corps de grande taille pourraient bien se nicher dans cette même région de la ceinture de Kuiper.