Pourquoi cherche-t-on à réduire les coûts de l'accès à l'espace ?

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Si votre société est un service public et que la finalité n'est pas de faire du profit, pourquoi chercher à réduire les coûts de la l'accès à l'espace? 
Si le seul but de l'accès à l'espace est militaire et scientifique, pourquoi envoyer des humains et pourquoi réduire les coûts?

C'est ce qu'on entend en Europe, en Chine, en Russie et même dans certains milieux aux USA....Après tout, si les lancements coûtent cher, ils peuvent rapporter aux lanceurs! 

Oui mais voilà....Vous mélangez les idées de Musk et Garver, avec un zeste de Zubrin, et vous comprenez....

L'espèce humaine est la seule qui sache qu'il y a bien plus (d'énergie, de matière , d'espace, de mondes) dans l'espace que rien que sur Terre; La technologie nous pousse à séjourner dans le milieu le plus hostile qui soit, il n'y a pas d'extra-terrestres à coloniser...Donc prétendre que nous n'avons qu'une seule planète, eh bien, j'suis pas d'accord! 

Pour Zubrin, Mars est une station de service pour du carburant, le méthane.
Pour Musk, la Terre ne peut être le seul endroit pour l'humanité.
Pour Garver, la finalité du voyage spatial, c'est la survie de l'espèce humaine.

C'est du long terme, certes, mais il faut commencer quelque part.

Réduire les coûts de l'accès à l'espace, ce n'est pas pour les machines, les robots, les sondes, même pas pour prendre les marchés des autres ,c'est avant tout pour l'accès des humains à l'espace !! 
Et si l'ESA et les européens ne considèrent cela qu'avec mépris, soit parce que c'est une affaire de lubie de millionnaires, parce que nous refusons d'accepter que la Terre puisse n'être qu'un des endroits où se trouveront nos descendants, parce que l'espace est source d'inégalités, parce que le principe du premier arrivé, premier servi est répugnant, eh bien, nous verrons les conséquences.

Déjà une indication: l'ESA a sélectionné des astronautes principaux et de réserves; les pays de certains de ses réservistes paient la société privée Axiom pour un voyage d'un des leurs et il le fera avant les principaux ......
Raoul
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Je ne comprends pas trop les prémices de ce topic. Réduire les coûts est un enjeu dans tous les domaines qui ont un budget à gérer et des comptes à rendre. Même les militaires ont des arbitrages budgétaires en permanence. Les centres de recherche, et autres fondations scientifiques aussi. Je ne vois pas la différence avec le "à but lucratif".

La question posée est : quel est le but de réduire les coûts de l'accès à l'espace.
Cela dépend des buts de l'accès à l'espace. Et là, il y a autant de réponses que d'acteurs. Je ne vois pas l'intérêt de réduire le champ des réponses à une seule comme "devenir une espèce multiplaneraire". Dans tous les cas, le coût est un facteur limitant donc il y a une forte incitation à le baisser.
Quelque chose m'échappe ?
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taolanglais

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Si c'était vrai, pourquoi n'avions-nous pas remarqué depuis 1972 de réductions significatives des coûts, au point de perturber la concurrence (par exemple Ariane détrônant le lanceur Soyouz) ?

C'était bien l'intention de la NASA, à cette époque, de se servir de la Navette spatiale pour diviser par 10 les coûts et ça n'a pas marché. Donc personne n'a tenté le coup par la suite.

Parce que la Navette est un lanceur d'un service public qui n'a pas le droit de faire du profit comme une société privée. Si la Navette avait démontré être capable de multiplier les missions sans que cela coûte plus cher, des sociétés privées l'auraient acheté (ou la NASA aurait prêté, confié, donné en location), pour faire du profit.

La meilleure preuve que les militaires tenaient plus à leur contrat avec ULA qu'à réduire les coûts, ce sont les visites de Musk et Shotwell aux bureaux du DOD pour les convaincre de basculer vers la Falcon 9 et ça a réussi. Les sénateurs tenaient à leurs bons rapports avec le DOD dans leur Etat et ne voulaient pas lâcher les lanceurs au profit d'un nouveau venu. C'est bien décrit dans le livre de Garver.








Raoul
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Raoul a écrit:Réduire les coûts de l'accès à l'espace, ce n'est pas pour les machines, les robots, les sondes, même pas pour prendre les marchés des autres ,c'est avant tout pour l'accès des humains à l'espace !! 
Je ne suis pas d'accord avec cette affirmation.
La baisse des coûts est impulsée par l'irruption du privée.
Cette recherche de la baisse des coûts est faite dans un souci de rentabilité afin de soutenir de manière efficiente des activités lucratives dans l'espace.
Pas pour envoyer des Hommes.
Si des humains sont envoyés dans le cadre de ces activités, c'est un heureux concours de circonstance et pas une fin en soi.

Je constate que les activités type New Space cherchant à faire des affaires ne prévoient pas vraiment pour le moment un besoin d'humains:
- services depuis l'orbite (observation de la Terre, communications) => satellites et mégaconstellations. Pas d'humains.
- premières ébauches de production (missions-usines comme Varda) => plateformes automatiques. Toujours pas d'humains.
- énergie (retour des concepts de SPS, comme Cassiopeia par exemple) => centrales automatiques assemblées en orbite. Pas d'humains.

La mise en place de ces activités est justement impulsée parce que les coûts d'accès à l'espace baissent.
C'est un cercle vertueux entre progrès technologique et industriel qui entraine une baisse des coûts d'accès. Ces mêmes coûts d'accès plus bas permettent d'envisager des missions impossibles auparavant car ne pouvant pas être amorties. Si cette nouvelle économie génère de substantiels profits (je suis optimiste, mais ça reste encore à démontrer), de nouveaux capitaux seront attirés, etc...

Si d'aventure des humains trouvent leur place là-dedans, c'est parce que leur action sera jugée utile à cet écosystème et donc procurant un avantage que la seule automatisation ne permettrait pas (comme les équipages des plateformes pétrolières par exemple).

Personne, pas même Musk, n'enverra de manière durable des humains dans l'espace si ce n'est pas intégré dans un écosystème économique qui permet de la soutenir dans la durée.
Aucune colonisation ne s'est jamais faite pour la beauté du geste. 
Mais parce qu'elle procurait un avantage aux colons et à leur métropole d'origine.
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Choros a écrit:
Raoul a écrit:Réduire les coûts de l'accès à l'espace, ce n'est pas pour les machines, les robots, les sondes, même pas pour prendre les marchés des autres ,c'est avant tout pour l'accès des humains à l'espace !! 
Je ne suis pas d'accord avec cette affirmation.
Si des humains sont envoyés dans le cadre de ces activités, c'est un heureux concours de circonstance et pas une fin en soi.

Si d'aventure des humains trouvent leur place là-dedans, c'est parce que leur action sera jugée utile à cet écosystème et donc procurant un avantage que la seule automatisation ne permettrait pas (comme les équipages des plateformes pétrolières par exemple).

Personne, pas même Musk, n'enverra de manière durable des humains dans l'espace si ce n'est pas intégré dans un écosystème économique qui permet de la soutenir dans la durée.
Aucune colonisation ne s'est jamais faite pour la beauté du geste. 
Mais parce qu'elle procurait un avantage aux colons et à leur métropole d'origine.

Mon argumentation concerne le long terme. C'est vrai qu'il s'agit de faire des affaires, de trouver de nouveau marchés et que pour que cela rapporte rapidement, il vaut mieux se passer des humains. Neil De Grasse Tyson a interviewé Lori et lui a demandé : mais pourquoi tous ces bouleversements dans le spatial? In one word: Survival.

Au plus l'accès à l'espace est facilité, au plus il y aura des personnes désireuses d'y aller et de plus en plus loin et pour des durées de plus en plus longues. Bien sûr, ce ne sera pas pour tout le monde dès le début, comme ce fut le cas de l'aviation.
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Entièrement d'accord avec Choros. J'ai l'impression, Raoul, que tu confonds buts et conséquences. Si l'irruption du privé et d'un environnement compétitif dans le spatial permettent de baisser les coûts et d'augmenter les possibilités, y compris en termes de présence humaine, ce n'est pas dans un autre but que l'appât du gain.
Inversement, si des acteurs publics s'avèrent incapables de faire baisser les coûts d'accès à l'espace, il ne faut pas en conclure que ce n'est pas dans leurs objectifs et qu'ils n'en bénéficient pas.

Les objectifs que tu énonce sont vagues, lointains et peu percutants pour la vaste majorité des gens, à part quelques passionnés de l'espace. Ce n'est certainement pas ça qui va permettre d'aller loin, longtemps et durablement.

Il existe sur terre, oui, ici même, un univers complet à peine exploré, et colonisé par... personne! Il s'agit bien sûr des océans. Pourtant, notre cher commandant Cousteau a rêvé en son temps d'une installation des Hommes dans les mers, et malgré moultes expérimentations, dont des bases habitées, Precontinent I, II et III, il ne s'est plus passé grand chose. A part dans le seul domaine à la hauteur des intérêts économiques : la plongée à saturation et les caissons hyperbares pour l'exploitation pétrolière.

Donc quand les grandes agences proposent d'aller sur la lune pour y rester, on peut être plus que réservé car la finalité est vague, faible et lointaine, et l'intérêt économique et plus que nul... Les conditions ne sont pas remplies pour autre chose qu'un [Artemis] edit: Appolo bis (en mode usine à gaz cette fois...)

Le futur ne ressemble pas à ce qu'on imagine. Évidemment je ne le connais pas  non-plus, mais il évolue en principe vers toujours plus d'efficacité. Nous n'avons toujours pas de voitures volantes car la sustentation dans les airs nécessite une dépense énergétique et économique plus élevée que le repos au sol. Pourtant tout le monde en rêvait à une époque. Il suffisait de le concrétiser. L'obstacle n'est pas technique, on sait faire. Le futur se fiche d'être sexy, et de suivre les rêves des visionnaires, des explorateurs et des idéalistes.
L'humain est terriblement peu efficace hors de son milieu naturel, il est donc logique de s'en passer sauf là où il est absolument indispensable. Mais au rythme où vont les choses, il ne restera bientôt plus aucun domaine où l'humain serait indispensable (sinon meilleur que la machine).

L'objectif économique est indispensable à changement d'ordre de grandeur de la conquête spatiale. Pour faire une analogie avec l'époque de l'exploration des mers, si le prestige à put être un facteur de coups d'éclat et quelques explorateurs ont laissé leur nom sur les carte (encore que là aussi, à regarder dans le détail, il y avait aussi des enjeux économiques forts), c'est bien la compagnie néerlandaise des indes orientales et ses consœurs qui ont permit un changement de braquet et initier la mondialisation.


Dernière édition par taolanglais le Dim 2 Juil 2023 - 10:34, édité 1 fois
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taolanglais

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Intéressant point de vu Taolanglais.
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Raoul a écrit:Neil De Grasse Tyson a interviewé Lori et lui a demandé : mais pourquoi tous ces bouleversements dans le spatial?  In one word: Survival.
Que certains voient dans la conquête spatiale un gage de survie à terme pour l'humanité, c'est très bien. Je me compte parmi ceux-là.

MAIS il faut aussi rester réaliste.

Les activités humaines sont guidées par des objectifs plus immédiats et plus concrets.
C'est très bien de parler de survivalisme spatial à long terme. Ce qui suscitera certainement un regard compatissant d'un investisseur qui ira voir ailleurs où placer ses billes pour un retour intéressant.
Car, que ça plaise ou non, le seul moteur de l'activité humaine, c'est l'argent. Je ne parle pas ici de la vision caricaturale de golden boys jouant à l'économie de casino en bourse.
Mais bien de l'argent comme "capaciteur", celui qui permet de faire des choses.
C'est en quelque sorte la "mana" de notre monde.
Même Lénine, après les premiers soubresauts de l'utopie rouge, en conviendra en réintroduisant l'argent (initialement supprimé) à travers sa fameuse NEP.
Même les religions ne peuvent pas s'épanouir et progresser sans lui.

Donc, si vous voulez une humanité multiplanétaire, il faut au préalable régler la question de sa viabilité économique.
Sinon, vous ne ferez qu'un autre Apollo: très cher, pour le prestige et la propagande dans le cadre d'une compétition géopolitique, mais sans lendemain une fois le drapeau planté.

La baisse des coûts à laquelle vous faites référence a un champion principal qui a porté l'effort initial: SpaceX.
C'est cette boîte qui a tracé la voie, sous le regard initialement goguenard des acteurs historiques.
Et pourtant avec moult difficultés, frisant la faillite dans ses jeunes années, elle est parvenue a une vraie rupture en matière de lancement.
C'est sa performance technique mais aussi industrielle (c'est-à-dire sa capacité à produire vite et à moindre coût) qui a permis cette baisse des prix.
Je sais que beaucoup n'aiment pas Musk pour beaucoup de raisons plus ou moins bonnes. Mais son grand mérite, celui que l'on ne peut pas lui retirer, c'est d'avoir été le patron nécessaire pour obtenir ce résultat (celui qui a la vision, les bases techniques et la main suffisamment dure pour imposer sa volonté, aussi rugueuse soit-elle par moment. Et surtout, celui qui accepte de prendre d'énormes risques là où la plupart des autres patrons reculeraient).

Le succès de ce précurseur a été l'aiguillon qui a enclenché une véritable "ruée entrepreneuriale" en montrant qu'un privé pouvait réussir dans ce qui était considéré comme une activité réservée des Etats. C'est ce changement dans la nature des acteurs du spatial qui constitue ce que j'appelle le "Second Âge Spatial", celui où la quête du profit vient prendre le relais (ou compléter) l'aspect purement stratégique du Premier Âge Spatial, dominé par l'initiative étatique.

J'ai souvent entendu de la part des avocats de la conquête spatiale, pour justifier un retour sur la Lune (ou toute autre destination), d'imaginer si Christophe Colomb n'était pas retourné en Amérique.
C'est oublier que Colomb n'a pas fait son voyage au nom de l'exploration désintéressée ou seulement pour planter la bannière de Ferdinand d'Aragon ou d'Isabelle de Castille.
Mais parce qu'il cherchait à ouvrir une nouvelle route commerciale vers les Indes, emplie de promesses de richesses.
C'est la même motivation qui conduira Vasco de Gamma deux ans plus tard à rejoindre l'Inde via le Cap de Bonne Espérance.
C'est les richesses du Nouveau Monde qui ont attirées colons, marchands et conquistadores.
Pas une vision utopique du devenir de l'humanité.

De même, ce seront les richesses du système solaire qui y attireront l'humanité.
Tout l'enjeu pour ceux qui voient à long terme l'avenir (et la survie) de l'humanité est de réfléchir a comment faire fleurir cette "spatio-économie".
Et non pas à rêver éveillé sur des notions abstraites qui s'apparentent davantage à une forme de théologie.
Choros
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D'accord avec Choros et Taolanglais !

C'est vrai que les bénéfices, les profits, c'est du court terme. Ce qui est génial, aujourd'hui, c'est en effet qu' une porte a été entrouverte. Aidée à la fois par une personne à la NASA et un audacieux entrepreneur arrivé juste au bon moment.

Le trop long terme va produire des erreurs et aussi des surprises. L'océan n'a pas du tout produit le même engouement, la même littérature, les mêmes enjeux géopolitiques que le spatial, et pourtant ils sont simultanés. Aujourd'hui, on veut plutôt interdire par traités l'exploitation des fonds marins, ou du moins fortement la réguler. Cela se produira-t-il pour d'autres mondes, alors qu'en réalité, il n'y a pas d'enjeu environnemental en-dehors de la Terre ?

Ce qui choque les pays (enfin, certains) c'est le principe du premier arrivé, premier servi. Mais celui qui prend les risques, qui paie pour, ne peut-il espérer les fruits de son audace? Et surtout, l'histoire montre que le premier arrivé, s'il fait la moindre erreur, sera devancé par le suivant qui aura compris ce qu'il fallait faire pour réussir. Et même ce dernier peut encore s'être trompé et voir arriver un concurrent encore plus malin!
Raoul
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