> Socrates : Le Falcon 1 semble avoir une chance de réussir techniquement, mais il ne dispose pas d'un marché suffisamment porteur (vous avez vu beaucoup de lancements du Pegasus récemment ?) et solvable (on ne fait pas un bon business plan en tablant sur des clients fauchés). SpaceX a besoin du Falcon 9 pour survivre, et là aussi l'existence d'un marché accessible viable reste à prouver (j'insiste sur "accessible"). Le succès technique n'est que la première étape vers le succès opérationnel.
SpaceX a gagné sa crédibilité en choisissant une architecture peu révolutionnaire et en bénéficiant des ressources du compte en banque personnel d'Elon Musk. Ce n'est pas à la portée de tout le monde.
> Raoul : Je te laisse penser ce que tu veux. Moi je n'ai nommé et ne nommerai personne.
> Giwa : On peut savoir jongler avec des millions (milliards) et ne rien comprendre aux bases les plus simples de la mécanique céleste. J'ai personnellement dû faire une explication de texte à des consultants financiers impliqués dans le spatial, et j'ai été effaré du niveau auquel j'ai dû descendre pour "raccrocher les wagons". Le pire, c'est que ce constat est souvent valable pour les politiques, eux aussi, y compris ceux qui décident des budgets spatiaux...
> Anubis : Je te laisse à tes doutes. Il existe des outils mathématiques que l'industrie utilise pour évaluer les possibilités de nouveaux concepts et de nouvelles architectures de lanceurs. Ces outils peuvent également être utilisés pour évaluer les capacités réelles des concurrents et/ou partenaires. Appliqués au K1, ces outils donnent des résultats qui laissent perplexes, d'autant que si l'orbite ne peut pas être atteinte, le lanceur perd son étage supérieur (et n'est donc plus "réutilisable").
Officiellement, c'est vrai, la raison de l'arrêt du contrat COTS serait l'incapacité de RpK de lever les fonds nécessaires (500 millions de $) pour financer sa propre contribution. En pratique, cette phase du contrat COTS a pour objectif, comme je l'ai déjà dit, de donner leur chance de nouveaux entrants pour qu'ils puissent participer à la compétition finale face à des acteurs industriels déjà confirmés. Dans un monde idéal, la sélection aurait été faite sur des bases de crédibilité technologique. Dans le monde réel, ce sont les meilleurs lobbyistes qui gagnent. Mais le meilleur carnet d'adresse ne sauvera pas un design technique qui ne fonctionne pas. Je ne suis pas à l'intérieur de la NASA, mais j'ai déjà vécu ce genre de situation ailleurs, lorsque des politiques imposent à des ingénieurs une solution absurde et que ceux-ci font leur possible pour limiter les dépenses en attendant que cette aberration technique ne s'écrase toute seule contre le mur de la réalité (et là ils évitent de dire "je vous l'avais bien dit" pour ne pas froisser les politiques car ceux-ci sont rancuniers). Je soupçonne un scénario de ce genre ici. RpK peut dire qu'elle garde des relations avec la NASA, ça ne mange pas de pain. Moi aussi j'ai des relations avec la NASA.
Soyons cynique jusqu'au bout. Si le K1 était un concept si prometteur, il y a belle lurette qu'il aurait eu un logo Boeing ou Lockheed-Martin apposé dessus.
Pour ce qui est du DreamChaser de SpaceDev, je te trouve bien affirmatif. Aujourd'hui, ce projet concerne un véhicule suborbital, c'est à dire pas grand-chose. Qu'un MoU ait été signé avec ULA n'engage à rien, c'est juste un accord qui lui permet de jeter un coup d'oeil aux entrailles de la bête en s'engageant à ne pas recopier dans son coin ce qu'elle pourrait y trouver d'intéressant. Si ULA avait signé un contrat avec de l'argent dedans (beaucoup de préférence), alors ça voudrait dire que c'est sérieux. Des annonces de MoU, j'en ai plein mes dossiers. Bien peu ont débouché sur du réel.
Pour son DreamChasser, SpaceDev a repris la forme aérodynamique de l'étude HL-20 de Langley, elle-même "pompée" sur le Bor 4 soviétique issu du projet Spiral, ce qui est un bon moyen d'économiser sur les essais aérodynamiques. Maintenant, ça ne préjuge en rien de l'avenir d'un concept qui n'a pas débouché depuis 40 ans. D'autant que jusqu'à présent il n'ont pas l'air d'avoir commencé à construire la moindre cellule (là aussi, c'est un bon signe qu'on commence à être sérieux, même si ça ne garantit pas le moindre succès, cf. X-33, X-34).
Il est normal que Lockheed-Martin s'intéresse un peu à ce qui se fait ailleurs pour voir comment mettre un véhicule habité en haut de son Atlas pour un investissement propre minimal. Je pronostique qu'on finira avec une capsule (avec de nombreux systèmes issus d'Orion pour faire des économies d'échelle), ou avec rien (très bon rapport qualité/prix).
Au sujet de la crédibilité, il suffit de suivre les réactions politiques et celles des investisseurs pour comprendre que le moindre échec majeur ébranle l'ensemble du secteur. Chez Arianespace, on déplore les échecs des concurrents, car ils ne favorisent pas Ariane mais plutôt les investissements dans des alternatives au spatial. La NASA n'est pas en concurrence avec le secteur privé. Le secteur spatial est en concurrence avec le secteur non-spatial, et pas toujours en position de favori.
Merci de faire un effort sur l'orthographe.