chapi a écrit:
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Voilà, avec mes mots à moi, le peu que je pense avoir saisi : le principe est semblable à un moteur nucléaire, c'est à dire que l'énergie dégagée (ici par la collision antimatière/matière) est utilisée pour chauffer un gaz léger, l'hydrigène en l'occurence (léger pour pouvoir atteindre des vitesses élevées, donc une meilleure isp). Au delà du problème du stockage, qui reste un point ouvert selon l'article, je ne comprends pas comment la collision matière/antimatière est transformée en chaleur. Il est question d'un rayonnement gamma intense mais à faible portée (?), impactant du plomb qui lui même une fois excité réémet des rayons X réchauffant l'hydrogène (??) :???: C'est là que j'ai décroché :scratch:
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Il y a bien une dizaine de variantes de moteurs à antimatière, et j'ai l'impression que cet article en mélange deux.
Le plus simple est l'équivalent d'un moteur nucléo-thermique et le rayonnement gammas est directement absorbé par une enveloppe de tungstène (ça doit être ce qu'ils appellent "attenuation matrix" sur le schéma) qui chauffe ensuite l'hydrogène. Ce type de moteur produit donc une Isp équivalente aux moteurs nucléo-thermiques, de 900 s à 1500 s. L'avantage est qu'il n'y a pas de problème de radioactivité, et on doit faire aussi l'économie de masse correspondant à un bouclier.
Le moteur ablatif est différent : les gammas sont convertis en rayons X qui vaporisent un matériau déposé sur ce qui peut correspondre à la tuyère, matériau qui peut être éjecté directement (Isp maximale dans ce cas), ou chauffer de l'hydrogène (Isp plus basse mais poussée plus importante). On peut dans ce cas atteindre une Isp plus importante qu'avec le premier type de moteur thermique (pour le moteur ablatif, l'article cite 5000 s).
Le premier type de moteur, au moins, est tout à fait crédible avec les technologies actuelles, probablement pas plus complexe qu'un moteur nucléo-thermique, sans les problèmes liés à la radioactivité.
Cependant :
- la production d'antimatière, positrons ici, est extrêmement coûteuse, et j'ai même quelques doutes sur ce chiffre de 250M$ pour 10 mg. Dans ce domaine, ça peut très bien être faux d'un rapport 10 ou 100 (technique classique pour obtenir des financements en faisant miroiter des performances extraordinaires...)
- le stockage est actuellement réalisé dans des pièges électromagnétiques (trappes de Pening) assez massifs, et avec la technologie actuelle, la masse du système de stockage annule totalement l'avantage par rapport à un moteur nucléo-thermique. Ces dispositifs ne permettent pas non plus de stockage sur des durées suffisamment longues pour être compatibles avec une mission spatiale (plusieurs mois). Il y a quelques propositions pour stocker l'antimatière sous forme neutre (positronium) et stabilisée dans des cristaux, mais à ma connaissance que de la théorie
- comme tu le fais remarquer, le gain en sécurité ne parait pas évident : la moindre rupture de confinement de l'antimatière, et tout peut sauter par réaction en chaine, et le vaisseau être vaporisé en une fraction de seconde.
Ce type de moteur peut-être intéressant si on résoud le problème de la production et du stockage, et il me semble que les gens du LANL et d'autres laboratoire travaillent activement sur le sujet car il y a beaucoup d'autres applications, mais je n'attendrais quand même pas de résultat à court terme pour cette application spatiale.
A+