Toucan Mar 25 Aoû 2009 - 16:23
Spaceman1969, c'est donc devant un poste de TV que tu as assisté au premier envol du lanceur européen, tout comme Giscard d'Estaing en quelque sorte!
Cette mission fut loin d'être sereine et je te propose de la revivre à la manière d'un mini-roman.
Les nerfs à vifs...
La première tentative (15 décembre 1979) bénéficiait d'un couverture médiatique maximale. Ariane était prête à rejoindre l'espace pour offrir à l'Europe sa capacité de lancement tant attendue. Indéniablement, cette tentative prenait l'allure d'un flop car à l'instant du H0, les quatre moteurs Viking s'allumaient mais la fusée restait sur place. On venait tout bonnement assister au seul et unique tir avorté du programme Ariane. L'incident provenait d'un pic de pression apparu dans la tuyauterie alimentant deux capteurs de l'un des moteurs.
Le Président Giscard d'Estaing s'était spécialement déplacé à Evry pour assisté à vidéotransmission organisée par le CNES. Il reprenait le chemin de l'Elysée un peu débité.
La seconde tentative (23 décembre), après la revalidation, dont un coup de peinture, semblait bien se présenter. Malheureusement, cette dernière se soldait de nouveau par l'image d'un Ariane cloué au sol, mais sans la vision d'une quelconque mise à feu. Une mesure de tension d'une batterie TM et le gonflage incorrect de la sphère hélium du H8 etaient à l'origine de l'arrêt des opérations. Nullement découragés, après avoir vidangé l'étage cryotechnique, les responsables décidaient de reconfigurer la fusée pour tenter leur chance le lendemain. Visiblement, ils ne craignaient pas d'affronter la concurrence du Père Noël !
Giscard d'Estaing avait depuis longtemps repris la direction de Paris en disant qu'on ne le reprendrait plus (du moins c'est que je suppose).
24 décembre, la troisième (et dernière) chronologie reprenait en cette vielle de Noël (H-8 h 45) avec les deux premiers étages remplis et pressurisés. L'absence d'information concernant la fermeture d'un clapet du mât ombilical stoppait le temps à moins de 3 minutes du zéro fatidique. Après analyse de la situation, les techniciens prenaient la décision de leurrer l'ordinateur et de recaler le compte à rebours synchronisé à H-6 min 02. Cette fois ci, plus rien ne devait s'opposer au décompte final avec au bout l'allumage des moteurs suivi de l'ouverture des crochets. Le lanceur ainsi libéré ''fonçait'' vers un destin qui se révélait en fin de compte comme un merveilleux cadeau de fin d'année.
Quant à Giscard, il avait décider de rester cette fois-ci à l'Elysée, (tu connais le proverbe jamais deux sans trois). Toutefois, il avait certainement demandé à ses collaborateurs de surveiller l'écran TV au cas où (enfin je le suppose).
L'échec du vol suivant (L02) provoquais plus une tempête médiatique que la remise en cause du projet. Par contre la déconvenue de L5 plaçait le programme dans une situation délicate. Dans les couloirs du CNES et de l'ESA, la tension était palpable car un échec supplémentaire pouvait mettre fin au programme. Mais L6 (vol correspondant à mon embauche chez AE) effacera cette ''angoisse'' et l'aventure pouvait continuer.
Spacemen1969, je m'apperçois que tu résides à Dugny. donc nous ne sommes séparés que d'une trentaine de km à vol d'oiseau. Par contre, je mets pratiquement deux heures pour rejoindre par la route le Bourget (satanés bouchons, sauf en août)