patchfree a écrit:Je voudrais rappeler qu'un voyage vers Mars se heurte à deux difficultés qui sont liées: la durée et les effets des rayonnements.
Il y a un énorme avantage à réaliser un voyage "rapide" puisque cela evite une exposition prononcée aux rayonnements. Cela a par ailleurs l'avantage de réduie les problèmes psychologiques et de réduire aussi les "vivres" (au sens large) à emporter.
C'est pourquoi miser sur une propulsion nucléothermique peut être une option valable diminuant fondamentalement les autres problèmes.
Cela reste à mettre au point mais est faisable avec les connaissances et les technologies actuelles. Une mission avec une propulsion chimique me paraît relever de l'opération "commando" type Apollo 11, même si elle est certainement (mais difficilement) possible.
Personnellement je suis favorable à explorer cette voie nucléothermique car elle a de l'avenir pour les missions lointaines et laissera les progrès réalisés en héritage.
En fait, l'avantage de la propulsion nucléothermique n'est pas vraiment de réduire la durée du voyage. Dans le scénario de la NASA de 2009, il y a une comparaison entre le nucléothermique et le tout chimique. Dans les 2 cas, il y a 6 à 8 mois de voyage, puis 500 jours sur Mars. La propulsion nucléothermique a l'avantage d'une plus grande impulsion spécifique, ce qui, toutes choses étant égales par ailleurs, permet d'économiser des ergols par rapport à la propulsion chimique, donc de réduire la taille des vaisseaux. Si on veut réduire la durée du voyage de façon drastique, il faut beaucoup plus d'ergols et on retombe sur le problème d'avoir des vaisseaux gigantesques à envoyer en orbite, avec plein d'autres problèmes encore plus complexes liés au freinage en arrivant sur Mars.
Quant au problème des radiations, il est réel, mais pas suffisant pour inciter la NASA à préférer une option qui réduirait la durée du voyage de façon significative.
Fondamentalement, le nucléothermique a malgré tout un petit avantage sur le tout chimique puisqu'on réduit la taille des vaisseaux, mais le "toutes choses étant égales par ailleurs" est une contrainte forte sur l'architecture de la mission et les risques. Premier bémol qui mérite réflexion, la NASA suggère d'ajouter un bouclier anti-radiations de 10 tonnes pour limiter l'exposition des astronautes aux radiations émises par .... le réacteur nucléaire associé à la propulsion nucléothermique ! Deuxième bémol, il faut réaliser un assemblage en LEO du vaisseau, alors que certaines options en tout chimique n'ont pas besoin d'assemblage (plusieurs petits vaisseaux au lieu d'un gros). Troisième bémol, il faut élever l'orbite d'assemblage à cause des risques associés à l'utilisation d'un réacteur nucléaire. Quatrième bémol, les risques associés à l'utilisation d'un système de propulsion nouveau. Cinquième bémol, les coûts de R&D. Bref, toutes choses ne sont certainement pas égales par ailleurs !
Et je n'ai même pas parlé du fait que le nucléaire n'a pas une bonne image auprès du public écolo.
Malgré tout, je suis d'accord que sur le long terme, cette technologie serait intéressante à développer. Mais maîtrisons d'abord toutes les autres difficultés d'une mission martienne, il sera temps ensuite d'apporter des améliorations, sachant que le nucléothermique est en compétition avec la propulsion électrique.
Et, s'il vous plaît, arrêtons de parler d'opération "commando". Un commando, c'est une opération ultrarapide avec peu de préparation. Dans le cas de la mission la plus simple pour aller sur Mars, il faut au moins 10 ans de R&D et 3 ans de voyage dont 500 jours sur place. Ce n'est pas vraiment le style peu de préparation et A/R ultra-rapide.