Visiblement les resultats sont mitigées pour la guyanne sur un
plan économique.
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http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-876284@51-876402,0.html
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La Guyane va accueillir le lanceur Soyouz et s'interroge sur son impact économique
Les premiers bâtiments de la future base de la fusée russe Soyouz s'élèvent dans la savane Malmanoury, sur le littoral guyanais. Un "carneau" de 22 mètres de profondeur est prêt à recevoir les gaz d'échappement de Soyouz. En suspension au-dessus du cratère, les équipes du chantier construisent une immense dalle en béton, qui accueillera le lanceur russe pour son premier vol depuis la Guyane, prévu au plus tôt fin 2008.
Lundi 26 février, une délégation européenne et russe a posé symboliquement la première pierre de ce projet de 344 millions d'euros, financés aux deux tiers par l'Agence spatiale européenne et l'Union européenne, et pour un tiers par un emprunt contracté par Arianespace, la société européenne de lancement.
Tiré jusqu'à présent depuis Baïkonour, au Kazakhstan, Soyouz pourra, à partir de la Guyane, mettre sur orbite de transfert géostationnaire un satellite de trois tonnes, pour compléter à terme l'offre de lancement d'Arianespace, entre le lanceur lourd Ariane 5 (10 tonnes d'emport) et la petite fusée italienne Véga (300 kg), à raison de deux à quatre lancements par an. Comme ses consoeurs, Soyouz profitera, en vertu de la position quasi équatoriale de la Guyane, de l'effet de "fronde" produit par la rotation de la Terre, qui permet d'accroître la performance des lanceurs.
Dans un département où le taux de chômage est de 26 %, certains comptent sur Soyouz pour "booster" l'emploi. A quinze kilomètres de la future base, le bourg de Sinnamary, commune de moins de 3 000 âmes, s'étire le long du fleuve du même nom. "Pour le moment, c'est calme, on ne ressent pas les effets du chantier, les gens mangent sur le site", constate Claire Ribal, la patronne d'un restaurant de cuisine locale.
Arianespace annonce l'arrivée de 250 Russes à Sinnamary, à partir d'août ou septembre. La société compte héberger la plupart d'entre eux à l'Hôtel du fleuve, un trois étoiles construit au début des années 1990 pour accueillir les missionnaires de l'avion spatial Hermès. Après l'abandon du programme, comme l'y obligeait un contrat, le Centre national d'études spatiales (CNES) a payé jusqu'à fin 2005 deux tiers des 121 chambres, le plus souvent vides ou presque. "On va tout faire pour que les Russes restent et consomment à Sinnamary", prévient Eliette Antoinette, la gouvernante de l'établissement.
MOINS DE CENT EMPLOIS PERMANENTS
"Ils dépenseront peut-être un peu moins que des Européens standards, car leur salaire de base est moins élevé, et ils peuvent être tentés de faire des économies sur leurs frais de mission", reconnaît Michel Bartolomey, le directeur d'Arianespace à Kourou.
"J'y crois énormément, pour l'avenir de nos enfants, pour toute la commune", confie Myriam Cocotier, une commerçante. Si le chantier mobilise actuellement 180 personnes, la plupart en contrat local, les emplois directement générés par Soyouz seront surtout russes : à chaque lancement, environ 250 Russes viendront en "mission" pendant deux mois, et moins d'une centaine d'emplois permanents seront créés au centre spatial Guyanais pour Soyouz, dont certains seront russes.
Selon Arianespace, le projet devrait aussi engendrer de 1,5 à 2 millions d'euros de taxe professionnelle par an, pour Sinnamary et le reste de la Guyane. En attendant Soyouz, le spatial soigne son image : de 2000 à 2006, le CNES a investi 26 millions d'euros pour le développement du département, au titre d'une annexe au contrat de Plan, en partenariat avec le conseil régional et l'Etat, une aide reconduite jusqu'en 2013.
A cela s'ajoutent des contributions accordées annuellement à plusieurs communes, dont Sinnamary, qui verra sa dotation passer de 152 000 à 300 000 euros en 2007, selon le CNES. Jusqu'à présent, cette "contribution" a servi à la réhabilitation des maisons de la cité du stade de Sinnamary, où vivent plusieurs familles expropriées dans la savane Malmanoury lors de la construction du centre spatial guyanais, de 1965 à 1968. Là même où Soyouz, le vétéran russe de l'espace, s'apprête à vivre une seconde jeunesse.