Dakitess a écrit:Un consensus n'est qu'un état de l'art allant dans une direction majoritaire plutôt qu'une ribambelle (ou pas) d'autres minoritaires, c'est un simple fait, qui n'indique aucune vérité mais permet de se faire un avis construit lorsque l'on a pas le niveau d'entrer dans le vif du sujet : je n'ai pas le niveau pour appréhender a quelle point nos connaissances actuelles représentent un gap par rapport aux siècles passés et semble se démarquer des situation analogues précédentes. Je m'en remets donc, par défaut, au consensus, d'autant plus facilement que j'y adhère à mon très humble niveau.
Ce n'est effectivement pas un argument de force en soit, nombre de consensus précédents se sont avérés faux : mais quelle proportion tient encore aujourd'hui la tête haute ? Et dans quelle mesure les consensus précédents étaient ils aussi robustes et pertinents que ceux d'aujourd'hui ? C'est bien sur assez "méta", mais un consensus reste assez pratique. On ne peut pas retenir, pas facilité, le fait que tel ou tel consensus précédent s'était avéré éronné quand tant d'autres ont finalement été au plus proche de la vérité, ce serait malhonnête et c'est souvent ce que l'on voit, comme argument.
Je ne nie pas l'utilité d'un consensus. Par contre il ne faut pas "croire" en un consensus. Un consensus est un phénomène organisationnel, politique ou spontané, mais ce n'est pas une preuve scientifique. Et l'histoire a bien évidemment montré que tous les consensus successifs ont été renversés (scientifiques ou non). Tu évoques Newton, bien entendu qu'il n'a pas été renversé au sujet d'un satellite en orbite ou d'un stylo qui tombe d'un bureau, mais tu ne pourras pas dimensionner un GPS sans relativité, ou calculer la trajectoire de Mercure. Newton a donc été profondément renversé (on parle de la simultanéité / universalité du temps tout de même !) pour les cas limites de Newton. Et le voyage interstellaire est forcément un cas limite, sinon nous ne débattrions pas.
Si la discussion tourne autour du fait que l'impossibilité du voyage interstellaire est ton sentiment / croyance / foi, effectivement on tourne en rond. C'est ton avis, tu as bien entendu le droit d'avoir celui-là, mais il va de soi que je ne parviendrais jamais à te convaincre. Et autant arrêter de discuter de ce sujet.
Dakitess a écrit:Tu parles d'une maitrise à 95% de notre univers sur la base du fait que nous n'expliquons que 5% de sa masse ou de son énergie : c'est très particulier comme argument, si 95% du reste n'est que d'une seule nature, il n'y a pas 95% à découvrir. La terre est recouverte en grande majorité par de l'eau, ce n'est pas pour autant que l'imcompréhension des phénomènes relatifs à l'eau induisent un un retard de connaissance en proportion.
Le 95% d'inconnu n'est évidemment qu'une image iconoclaste. Le sens derrière, c'est que le consensus de la physique d'aujourd'hui affirme qu'on ne connaît pas 95% de l'énergie de l'univers. Il y a sans doute une leçon d'humilité à en tirer quant à ce qu'on affirme impossible: il y a peut-être une physique très exotique dans cet invisible. C'est la leçon qu'en tire Roland Lehoucq, dont je répète la citation : "
La conséquence des travaux des astrophysiciens du 20e siècle est que 95% du contenu énergétique et massif de l'Univers se présente sous une forme qu'ils déclarent 'noire' et qui en fait est incompréhensible pour l'instant" Roland Lehoucq [ici].
Je pense qu'il faut accepter cette image, accepter qu'il puisse exister un peu de place pour se laisser imaginer qu'il ne soit pas impossible de voyager plus vite que la lumière, et ne pas chercher à ergoter un peu trop loin...
Dakitess a écrit:Pour ta proposition de fin : il aura tout de même fallu se rendre en premier lieu à la destination pour y disposer le matériel nécessaire à cette expérience, et ce premier voyage, je n'y crois pas :p
Le Soleil produit très largement assez d'énergie pour qu'avec une extrapolation des technologies actuelles (
par exemple propulsion par antimatière fabriquée par des accélérateurs géants en orbite autour du Soleil), il me paraîtrait assez audacieux d'avancer qu'il est impossible, dans les prochaines millénaires, d'envoyer sur Epsilon Eridani une usine auto-réplicatrice d'un million de tonnes a même de fabriquer le matériel nécessaire. Et sans qu'une quelconque physique soit violée.
C'est quand même fou : dans cette proposition, tu contestes le principe d'une sonde interstellaire, mais pas le principe de la numérisation de l'esprit humain. Pourtant, dans l'échelle d'implausibilité, la deuxième me paraît attraper le pompon ! Ne ferais-tu pas un blocage, au sujet du voyage interstellaire :D
darkluffy a écrit:Personnellement, je pense plutôt comme dakitess que l'on ne va pas découvrir une nouvelle énergie miraculeuse qui changera à tel point la donne que le voyage vers d'autres étoiles voir plus loin soit simple.
Que ce soit clair: je ne peux pas affirmer que ce soit le cas. Par contre, il n'est pas possible d'affirmer que ce soit impossible que l'on finisse par trouver des stratégies le permettant, ou de découvrir une extension à la physique actuelle qui le permettrait. C'est l'essentiel de mon point.
Par ailleurs, cependant, pas besoin d'une source d'énergie miraculeuse, elle existe. Le Soleil produit plus de mille milliards de fois plus que ce qu'on consomme aujourd'hui. Une feuille de papier aluminium de 1 m2 dans l'espace pèsera 50 g et peut manipuler 1,3 kW au niveau de l'orbite de la Terre. La production mondiale d'aluminium est de 60 millions de t/an. Supposons qu'on soit capable de produire 1 million t/an de papier aluminium dans l'espace (par exemple à partir de l'anorthosite lunaire), cela permet en principe de fabriquer un miroir de 20.000 km² par an, lequel peut manipuler 26 TW d'énergie solaire. Après un millénaire de développement industriel, on dispose de 26 PW. C'est la puissance cinétique de 20 millions de t à 10% de la vitesse de la lumière (hors pertes, bien entendu).
Bien sûr ce calcul est extrêmement simpliste, mais il n'a pour but que de montrer que cette énergie miracle existe déjà.
Toute la question est de savoir si une telle infrastructure industrielle sera réalisable, et si oui, quand ? (un siècle ? un millénaire ? dans un millions d'années par des singes intelligents ?)
edit: darkluffy, désolé je n'avais pas vu ton post sur l'antimatière. Mais je crois que cela ne change pas grand'chose à ma réponse.