Astrogreg a écrit:Les américains n'ont aucune volonté pour retourner sur la Lune, la seule chose qui les pousse à faire quelque chose c'est qu'après l'ISS ils n'ont plus rien à faire. La lune n'est pas un objectif national, c'est une continuité de leur programme habité, tant critiqué depuis 30 ans. C'est fou, mais certains s'ennuyent déjà avec ce programme qui a à peine commencé.
Les chinois ne veulent pas simplement occuper leur industrie spatiale, ils veulent prouver au monde entier que la Lune leur est accessible, et il veulent mettre leur bannière rouge plantée dans le régolite. C'est une image dont elle a besoin, elle qui souffre trop de l'image d'ateliers de confection de jouets bons marché, et qui veut s'imposer comme acteur de premier ordre, entre autres technologiquement. Elle fait peu d'annonces fracassantes, mais s'est fixé comme objectif d'y accéder, et c'est leur crédibilité qui est en jeu à chacune de leur déclaration. Les américains n'ont pas ce problème de crédibilité: ils sont déjà allés sur la Lune, et tout leur est permis, ou presque: leur programme lunaire est largement critiqué, dans son concept même (lanceurs etc...) jusqu'aux raison invoquées (Helium3, ...), et ils ne se décridibilisent pas. Au pire tout le monde dit: "bah, la NASA cafouille encore...". Dire ça des chinois, et c'est là-dessus qu'ils veulent jouer, c'est bien plus difficile actuellement...
D'ailleurs, on peut se souvenir de la chronologie : Bush a lancé ce programme exactement 3 mois après le premier vol habité chinois.
Et il était déjà connu que les chinois sont en train de développer un lanceur qui devrait leur permettre d'expédier 9 à 10 tonnes vers la Lune vers 2015, donc permettre théoriquement une mission de survol.
Au moment où Bush faisait son discours, un scénario dans lequel les chinois montent une mission de survol en 2018 par exemple, en montrant au monde entier qu'ils sont les premiers à sortir de l'orbite terrestre depuis presque 50 ans, était peut-être crédible.
Dans une telle éventualité, la Chine apparait comme la nouvelle puissance dominante, et les Etats-Unis une puissance déclinante, même si en réalité, il manque à ce moment là aux chinois encore une dizaine d'années pour une vraie mission à la surface, vers 2025-2030.
Je ne me souviens pas que les chinois aient fait de déclaration sur une telle mission de survol, mais ils peuvent très bien prendre les américains par surprise, et attendre le dernier moment pour l'annoncer, quand ils auront validé leur nouveau lanceur par exemple.
Plutôt que de se fier aux déclarations diverses, il vaudrait mieux inventorier objectivement les technologies qui leur restent à développer pour mieux se rendre compte de ce qui est possible.
Les bonnes questions sont plutôt :
- Où en est le développement du CZ-5 ? Est-il possible qu'il soit validé pour lancer des vaisseaux habités avant 2015 ?
- Quelles modifications de leur capsule actuelle pour permettre une telle mission ?
- Communications ?
- Procédures de récupération ?
etc.
Je vais relire plus attentivement les articles de Philippe Coué...