montmein69 a écrit:Dans le cadre d'une réunion/conférence à la "Rice University" début septembre, des indices qui semblent concordants montreraient que la décision de ré-orienter le plan de mission de la NASA vers un retour sur la Lune est bien "dans l'air".
https://arstechnica.com/science/2017/09/nasa-center-director-if-trump-pivots-to-the-moon-were-set-up-to-do-it/
Comme à l'époque de Bush, je pense qu'un retour sur la Lune n'est pas une mauvaise chose, mais cela est conditionné par ce qu'on y fera et du temps et de l'énergie qu'on y consacrera. Si on dit Moon, then Mars, on ne peut raisonnablement envisager qu'on va créer un "Moon Village" comme le demande le patron de l'ESA, avec toute l'infrastructure qui va avec.
Le risque, c'est bien entendu de faire une grosse mission lunaire, qui s'éternise, et qu'en fin de mission lunaire, on soit encore très loin d'une mission martienne ... et d'ailleurs aussi d'un Moon Village digne de ce nom.
Ce qui est intéressant, c'est de voir les études qui tentent de montrer les avantages de préparer un voyage martien en faisant d'abord des missions lunaires. Et donc, ce qui est frappant, et qu'il faut bien comprendre, c'est qu'une mission lunaire évite un grand nombre de technos qu'il faut développer et tester pour la mission martienne. En voici quelques unes :
- Habitat spatial interplanétaire de longue durée
- Insertion en orbite planétaire, que ce soit par aérocapture ou pas (pas le même delta V que pour la Lune, donc pas les mêmes moteurs)
- Entrée, descente et atterrissage sur une planète avec une atmosphère et une gravité spécifique.
- Production de carburant en exploitant l'atmosphère
- Décollage et insertion en orbite à partir d'une planète avec atmosphère et gravité spécifique
- Système de propulsion pour le retour adapté à un gros habitat interplanétaire (une capsule ne suffit pas)
- Scaphandre adapté à la planète
La mission lunaire apporte une expertise sur plein de choses, notamment organisationnelles, mais quand on voit ce qu'elle n'apporte pas, il est difficile de prétendre qu'une mission lunaire soit incontournable pour préparer la mission martienne. Il faut être honnête, après la mission lunaire, Mars sera pratiquement toujours à 10-15 ans de préparation supplémentaire, on ne gagne pas grand chose du point de vue temporel. Et du point de vue financier, c'est pareil, vu ce qu'il y aura à développer et tester, l'effort sera toujours du même ordre.
En plus, il ne faut pas négliger non plus les difficultés et le coût d'un séjour prolongé sur la Lune. Dans mon dernier papier présenté en conférence, j'avais justement effectué une comparaison des besoins mission lunaire / mission martienne lors des séjours de 3 à 10 ans et plus. Pour une mission lunaire de longue durée, on se rend compte que les besoins de masse initiale en orbite basse sont du même ordre que ceux d'une mission martienne, d'autant plus qu'il n'y a pas d'eau facilement exploitable sur la Lune. Bref, la relative facilité des missions Apollo est trompeuse : la mission lunaire de longue durée est aussi difficile et couteuse qu'une mission martienne.
Pour toutes ces raisons, il parait judicieux de limiter la mission lunaire à un séjour court ou alors il faut arrêter de citer Mars comme étant un objectif de mission associé.